Une scientifique bien excitée...

Relnak ne releva pas les premières paroles de Mathilde. Elle ne pouvait pas comprendre, elle ne vivait pas vraiment leur situation... Aussi il ne continua pas la discussion plus loin, car elle ne faisait qu'attirer de sombres pensées dont il n'avait pas vraiment besoin, et malgré toute sa bonne volonté, elle ne savait pas vraiment de quoi elle parlait. Ou plutôt elle devait avoir une idée, un peu vague peut être, mais les belles paroles étaient faciles quand on ne vivait pas la situation...

Vous êtes sûr que vous n'avez pas de volontaire pour moi. Avoir ces capacités de régénération et être un peu plus solide, ce ne serait pas du luxe pour moi. Pas que je sois en sucre, bien au contraire, mais... attention, je ne dis pas que la symbiose c'est juste intéressant pour cela, ce doit être vraiment bien d'avoir toujours quelqu'un avec qui parler, à qui on peut s'ouvrir sur ce qui nous tient à cœur ou nous fait souffrir... vous savez, ces choses qu'on garde souvent pour soit et qui pèsent beaucoup. Et puis ça permet de pouvoir se confronter à un avis extérieur, bien qu'ils soit intérieur en fait, enfin, vous comprenez ce que je veux dire. Souriant, elle se relève péniblement. Bon, j'avoue, je n'y pense pas sérieusement, cela implique des choses qui m'intimident un peu. Le fait de ne plus avoir son jardin secret et d'être plongées dans les pensées de quelqu'un d'autre, ses souvenirs, bons comme mauvais... Ca doit quand même être sacrément déstabilisant et j'aurai l'impression d'être une odieuse voyeuse. Moi qui ne supporte pas les indiscrétions, ce serait un comble d'avoir fenêtre sur cour dans la psyché d'une personne.

- Effectivement, c'est très troublant. Enfin, au début... On s'y habitue assez vite à vrai dire. Certes, on n'a plus vraiment de secret. Et puis on change un peu, la symbiose créant un grand mélange étrange des personnalités. Mais il y a tant de compensations... Le savoir millénaire, une personne encore plus proche qu'un parent à laquelle on peut se confier sans méfiance. Vous connaissez un peu je crois. Cependant, il faut y penser sérieusement lorsqu'on parle de la symbiose, car si vous tentez l'expérience ce sera pour le reste de votre vie. Et puis on pene souvent que c'est l'humain qui refuse tout le temps, mais des fois ce sont les symbiotes qui refusent un hôte, car cela le concerne autant les deux partis en présence. Remarquer pour vous, on trouverait bien un tok'ra assez bavard, finit-il avec un clin d'oeil amusé.

Dans un autre registre pas si différent, vous avez parlé d'une enfant de douze ans, il n'y a pas d'âge minimal pour une implantation? Et d'ailleurs, il ne m'a pas semblé voir d'enfant... Ne me dites pas que vous l'envoyez en mission?! Sinon je vous tape!

- Le cas des enfants est particulier pour la Tok'ra. Nous passons sur les planètes dévastées par les goa'ulds pour aider les survivants. Les tok'ras ne sont pas vraiment altruistes, nous esperons à chaque fois que certains se joigneront à notre cause et deviendront des hôtes consentants grâce à leur haine des goa'ulds. S'ils ne veulent pas et bien tant pis, nous les aidons à survivre une ou deux journées puis nous les laissons tranquilles pour qu'ils se reconstruisent, ou alors nous les menons sur une nouvelle planète plus accueillante. Le problème se pose plus lorsque nous tombons sur des enfantscomem survivants. Ils ne peuvent pas se débrouiller seuls... Nous ne sommes pas des monstres, nous les recueillons donc ici. Si vous cherchez dans la base, vous trouverez la nursery... Quand ils sont en âge de reflechir par leur propre moyen, soit ils décident de rejoindre notre cause et deviennent des tok'ras, soit ils peuvent rejoindre la planète de leur choix. Du coup, il y a bien un âge minimum pour l'implantation, mais ce n'est pas physiologique mais psychologique. Il faut qu'il y reflechisse murement, et on ne peut considérer qu'un enfant de 5 ans puisse prendre des décision si importante...

Puis, regardant Mathilde avec un air gêné :

- Je crains que si, Riyo par des fois en mission... Mais rassurez vous, elle part rarement seule. De plus, Vanel'la est la diplomate attitrée de la Tok'ra. Du coup elle ne fait que des missions diplomatiques sans risques. Elle m'est plus chère que ma propre vie, jamais je ne la mettrai en danger volontairement...

Laissant Maniel s'expliquer sur le fait qu'il faisait honteusement travailler la petite Riyo, Mathilde réfléchissait sur les avantages et inconvénients d'avoir un symbiote. Ce qui la dérangeait plus que tout c'est qu'au final elle ne serait plus elle même, mais elle et l'autre, que sa personnalité à elle serait affectée par celle du locataire de son épine dorsale et ça, c'était pour elle rédhibitoire. Elle avait lutté depuis sa prime jeunesse pour résister aux tentatives faites par ses précepteurs et tuteurs pour la fléchir dans le sens qu'ils l'entendaient, elle avait contre vents et marées conservé sa nature propre et là, de façon finalement assez sournoise le symbiote influera sur sa personnalité. Certes c'était valable pour le tok'ra, mais ça c'était SON problème à lui. Avoir un partenaire à qui parler, se confier, qui pourrait la consoler et conseiller, partager ses doutes et ses certitudes, pas de problème, mais fusionner au point que finalement on ne pourrait plus que difficilement faire la différence entre l'hôte et le symbiote, ça, elle n'était ni prête, ni volontaire. Elle était trop individualiste et indépendante pour ça. C'était une des raisons qui faisait qu'elle n'avait jamais eu de relation sérieuse ou ludiques. Les premières étaient des pièges qui sonneraient le glas de sa liberté, les seconds n'avaient finalement pas grand intérêt à ses yeux... Et son père se lamentait du fait qu'il n'était toujours pas grand père.

*Ca, ça peut attendre et puis l'adoption, ça marche, la preuve!*

Elle haussa un sourcil et posa ses prunelles de jais sur le tok'ra quand il parla du fait qu'on pourrait lui trouver un symbiote "assez bavard" pour aller avec elle, ce qui en toute logique signifiait qu'elle était elle même un moulin à parole. Sans le vouloir, car il avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, Maniel venait de marcher sur une mine, une TRES grosse mine, la petite baronne étant très, très sensible sur ce sujet là. Elle en zappa complètement ce qu'il avait dit sur la petite tok'ra, la moutarde montant lentement mais sûrement comme le magma dans une cheminée volcanique, et ce fut l'éruption. Pas spécialement violente, mais l'acidité de ses paroles et le ton sensiblement véhément montraient clairement qu'elle n'avait pas apprécié la remarque, chose qui pouvait paraître disproportionnée quand à ce qui avait été dit. On la sentait outrageusement offensée et son attitude soudain raide et protocolaire sonnait la fin de leur petite balade.

Je comprends... Mon débit de parole étant ce qu'il est, je suppose qu'il faut un entraînement particulier ou une surdité partielle pour me supporter plus de deux minutes. Il est évident que devoir supporter en continu cette torture viendrait à bout du plus endurci de vos semblables. Désolée de vous assaillir sous le flot ininterrompu de mes paroles, je vais tâcher de régler le problème en allant m'intéresser aux réglages de mes appareils de mesure. Je suppose que vous devez crouler sous les responsabilité aussi je ne vous retiendrai pas plus longtemps, je suis certaine qu'un de vos ingénieurs fera largement l'affaire pour m'expliquer ce qu'il y a à savoir. Et puis au moins vous pourrez retrouver un peu de silence.

Elle se recula et s'inclina avec la raideur qui caractérisait son éducation. Le tok'ra remarqua qu'elle vacillait légèrement, mais qu'elle déployait des trésors de contrôle de soi et de volonté pour rester droite. Quand elle le salua, de façon aussi cordiale que distante, il put lire toute l'étendue de la fierté blessée de la jeune femme. Pour une gaffe, il avait commis LA gaffe.

Mathilde sembla se renfrogner lorsqu'il fit allusion à sa langue bien entrainée. Cette toute petite remarque enfantine et lancée sur le ton de la plaisanterie eut des effets qu'il n'avait pas calculé... Elle lui fit une longue remarque acerbe qui fit beaucoup de peine à Maniel, qui croyait plaisanter jeoyeusement... La réaction était un peu disproportionnée, mais après tout elle était peut être trop brimée à ce sujet au SGC. La jeune femme était devenue froide, un peu distante, et très officiel, comme si elle ne connaissait plus vraiment Maniel...

Celui ci prefera se taire. Il avait peur de dire une autre bêtise pour s'excuser... Il la laissa donc avec ses instruments et s'éloigna un peu, avec l'air d'un chien abattu.

** Les terriens sont bien étranges... ** remarqua Relnak.

De longues minutes s'écoulèrent, accompagnée d'un silence pesant. Le colosse dansait d'un pied sur l'autre et se sentait mal à l'aise. Il desesperait presque de la situation. Comment avait-il pu être assez idiot pour repousser une de ces seules amies, même involontairement ! Il avait envie de se taper la tête contre le mur. L'air déprimé, il jettait de temps en temps des regards desesperés, presque pathétiques, vers la jeuen scientifique. Il regrettait vraiment cette blague idiote. Si seulement il avait su...

En vrai tyran, Mathilde ignorait superbement Maniel, passant juste devant lui sans même lui adresser un regard et dans le meilleur des cas lâchait un reniflement méprisant. Diable! La petite humaine était en colère!
Finalement elle explosa au énième soupir de dépit du breton.

Quoi? Qu'est ce que vous voulez encore? Vous avez oublié de me dire que j'étais haute comme trois pommes à genoux ou que mon second prénom était déveine? Merci, je sais déjà, on vous a pas attendu pour me le faire savoir! Ce sera tout?

La jeune aristocrate était campée devant le tok'ra qui la faisait quatre fois, poings sur les hanches, regard de petite teigne et tout ce qui allait avec. Mathilde était en rogne, et pas qu'un peu! Et la petite tornade donnait l'impression de vouloir manger tout cru le colosse qui évidemment ne savait pas trop ce qu'il avait fait pour mériter un pareil traitement. Elle pouvait être soupe au lait quand on touchait à certains points sensible et après il fallait développer des trésors de diplomatie pour arrondir les angles et désammorcer l'explosive petite physicienne.

Elle était là, juste devant lui et elle semblait attendre quelque chose maintenant qu'il avait fait en sorte qu'elle le remarque. Allait il s'enfoncer et recevoir un moniteur TFT sur la tête ou saurait il sauver la situation?

Le fait qu'il ne parle pas et qu'il reste dans son coin aggrava encore les choses. Elle se retourna vers lui au bout d'un moment et l'interpella avec fureur :

Quoi? Qu'est ce que vous voulez encore? Vous avez oublié de me dire que j'étais haute comme trois pommes à genoux ou que mon second prénom était déveine? Merci, je sais déjà, on vous a pas attendu pour me le faire savoir! Ce sera tout?

Maniel sembla se replier un peu plus sur lui même. Il était très peiné et semblait complétement dépité...

- Non... Non, je...

Il avait perdu tout ses moyens. Il comprenait un peu la colère de Mathilde mais ne savait pas y remédier... Relnak lui ne comprenait plus rien, et preferait observer la situation.

Elle était venu juste devant lui, toute petite femme en rogne, les poings serrés sur ses hanches, le regard de tueuse et un rictus cruel sur la bouche. Avec des cornes, on aurait presque cru croire à un dieu vengeur... Qu'est ce que Maniel avait pu faire pour mériter CA ?

Elle restait devant lui. Il n'osait même plus croiser son regard alors qu'elle le défiait des yeux. Elle lui faisait presque peur !

- Je... Voulais pas vous froissée. C'était juste... une petite... plaisanterie...

Il avait du mal à articulé, et ne savait plus où se mettre. Il commença à battre lentement en retraite.

- Je m'excuse... Je vous ai... offensée. Je vais... me retirer pour vous laisser tranquille... D'accord ?

Tout ça à cause d'une petite blagounette... Une toute petite blagounette de rien du tout...

Sans qu'il ne comprenne pourquoi, Mathilde éclata soudain de rire et la main droite posée sur le front elle secoua légèrement la tête.

Ah lalalala... C'est bon, c'est bon, ne partez pas. A vous voir on dirait que la petite bête va manger la grande. Elle rit de plus belle, se moquant ouvertement du grand breton qui était tout gêné. Je me doute que vous ne vouliez pas me blesser ou me manquer de respect, mais il y a des sujets qui me font démarrer au quart de tour et dans ces moments là j'ai tendance à être assez virulente... Désolée, Maniel, Relnak, je ne voulais pas vous houspiller. Enfin, si quand même un peu, mais pas vous faire fuir comme ça. Et puis les anneaux de transport m'ont un peu secouée, j'étais légèrement à cran.

Et pour lui montrer qu'elle ne lui en voulait plus, elle lui dédia son grand sourire aussi énergique que enthousiaste.

Réfléchissez bien au cadeau que vous allez me faire pour vous excuser de ce qualificatif odieux dont vous m'avez affublée indirectement. Et en plus il faudra me présenter votre fille. Non, vous n'avez pas le choix.

Alors qu'il s'attendait presque à ce que Mathilde explose et le détruise dans une folie meurtrière impossible à contrôler (Non ?), celle ci explosa de rire. Maniel recula encore un peu, effrayé. Qu'allait-elle encore lui faire ? Mais non, à priori sa colère était passée. Tant mieux... La scientifique s'expliqua et s'excusa, au grand soulagement de Maniel. C'est bon, ça allait bien de nouveau....

Réfléchissez bien au cadeau que vous allez me faire pour vous excuser de ce qualificatif odieux dont vous m'avez affublée indirectement. Et en plus il faudra me présenter votre fille. Non, vous n'avez pas le choix.

- Un cadeau ? repeta-t-il bêtement.

Que pouvait-il bien lui offrir... Un quelconque gagdet technologique, qu'elle puisse le démambrer à loisir à la base du SGC durant son temps libre. Puis, réagissant à l'autre partie de la demande de Mathilde.

- Vous présentez ma fille ? Euh... D'accord. mais vous ne viendrez pas me dire que vous le regrettez après ! finit-il avec un sourire plaisantin.

Effetcivement, Riyo pouvait être un vrai petit démon quand elle voulait. Pourtant, Maniel la verrait toujours comme son ange...

- Je vais bientôt devoir m'absenter pour des affaires urgentes. Peut être voulez-vous que je l'appelle pour que vous faissiez connaissance... ?

Toujours souriante, elle lui répondit d'un ton tranquille.

Je vais d'abord finir de déballer et étalonner tout le matériel que j'ai emmené, mais pourquoi pas manger ensemble ou si vous êtes encore occupé l'envoyer me chercher pour faire connaissance toutes les deux... Enfin, toutes les trois... Rhahaaaaaa! Vous compliquez tout! Filez avant que je ne vous jette à moitié dans les anneaux mangeurs d'homme!

Et elle lui fit des gros tout sauf dissuasif, plutôt comique même et avec un petit rire elle se repencha sur le bazar de câbles et claviers qui devait selon toute vraisemblable avoir une quelconque utilité. Puis soudain, elle se redressa et percuta violemment une lampe qu'elle avait emporté, le tout dans un sonore BLING! et du verre partant dans tous les sens.

Aïe! Mer... Elle regarda Maniel. ....credi! Elle se frotte l'occiput, mais ça va, à part son amour propre et bientôt une bosse tout allait bien. La lampe UV par contre avait besoin d'une nouvelle ampoule. Je viens de penser à une chose. Si vous n'avez jamais mangé japonais, je pourrais préparer quelque chose, surtout si Riyo n'a jamais essayé. je suis plutôt bonne cuisinière, éducation oblige et vous ne risquez pas de mourir, je ne prépare pas le fugu.

A voir son sourire enthousiaste et ingénu, eut il été possible de dire non? Et sachant de quoi elle était capable en colère, était il également possible de lui dire non?

Elle lui expliqua qu'elle finissait de déballer les restes de ses afaires et branches ses appareils (Maniel avait dû confectionner des adaptateurs pour que les appareils marche, parce que Mathilde n'aurait pas pu les brancher directement sur l'énergie de la base...) et que peut être après elle pourrait avec Riyo faire connaissance autour d'un repas. Après avoir brisé une ampoule avec sa tête (tradition terrienne ?) elle proposa même de faire à manger. Maniel la regarda d'un oeil circonspect et répondit :

- Je doute que nous ayons quoique ce soit à la base qui ressemble à de la nourriture japonaise, désolé... Et puis, vous vous voyez retourner sur Terre en demandant au général Parray des ingrédients de cuisine ?

Effectivement, une telle scène aurait pu être cocace...

- Je vais contacter Riyo pour qu'elle vous rejoigne à la cantine, le temps que vous finissiez de vous installer...

Il sortit son communicateur et appela sa fille. Puis il attendit que la jeune scientifique installe tout son bazar, dont il ne connaissait même pas la moitié des fonctions. Curieux appareils... Une fois prête, il la mena au réfectoire de la base...

espace de vie

Mathilde resta songeuse quand à ce que lui disait Maniel. Rien ne lui semblait hors de portée et puis aller dans un des villages à côté pour récupérer quelques ingrédients et revenir ne la dérangeaient pas plus que cela et elle avait une odieuse bonne raison, maintenir de bonnes relations avec la tok'ra... Enfin, elle suivit son hôte sans rien dire, se disant que ce n'était que partie remise.

Espace de vie.