[cantine] Une scientifique bien excitée (part 2!)

Laboratoires

Maniel mena Mathilde à travers le dédale de couloirs constituant la base tok'ra. Il fallut faire le trajet à pied, car la jeune femme refusait pour l'instant d'emprunter à nouveau les anneaux de transports. Ils ne tardèrent pas à arriver à la cantine. Arrivé devant la pièce, le géant remercia la scientifique et prit congé, car il avait des affaires urgentes à régler, comme d'habitude... C'était pas drôle tout les jours la vie de Haut Conseiller...

Mathilde entra dans le refectoire. S'était une grande salle circulaire dont les murs étaient en cristaux sombres, comme le reste de la base. Il y avait une bonne vingtaine de tables, encore et toujours en cristale, réparties dans l'espace, mais une seule était occupée actuellement. Logique, il était encore un peu tôt pour le déjeuner... Tout le long des murs il y avait de nombreux conteneurs où reposaient des aliments aussi divers que variés. Et, sur un des conteneurs sur le côté, il y avait une sorte de petite étagère frigorifique avec... de la nourriture terrienne. On voyait bien la touche de Maniel la dedans ! Après tout, maintenant que le SGC et la Tok'ra était alliés, il n'y avait aucune raison que cela ne se fasse pas. Et puis il était toujours bon de varier le menu...

A la seule table occupée, il y avait une petite fille assise, l'air un peu rêveuse. Elle n'était pas bien grande, et ne donnait pas l'air d'avoir plus d'une dizaine d'années. Erreur, la symbiose avec Vanel'la avait freiné son vieillisement, elle avait 12 ans maintenant, et elle le revendiquait ! des longs cheveux chatains, dont les pointes tiraient sur le blonds, encadraient un visage de petit ange amical. Les deux petits yeux bleus se posèrent en un regard perçant sur Mathilde. Perçant, mais loin d'être inamical. Elle lui sourit et l'invita à s'asseoir près d'elle. La petite portait une robe très simple de couleur blanche qui lui tombait au genoux.

Ses petites jambes se balançaient doucement sous la chaise où elle était assise, alors qu'elle grignotait ce qui ressemblait à une barre de chocolat, dont la marque était bien terrienne. Elle n'avait rien pris d'autre, sans doute attendait-elle son invitée, ou alors peut être n'avait-elle pas faim. Elle regarda Mathilde approcher, puis lui dit d'une petite voix douce et un peu fluette, accompagnée d'un grand sourire :

- Bonjour ! Je m'appelle Riyo. C'est toi Mathilde ?

Laboratoires

Mathilde salua Maniel quand il prit congé et fit le tour de la pièce d'un regard, toujours curieuse. Elle découvrit bien vite la petite fille qui semblait s'offrir une petite pause chocolatée et qui lui fit signe de venir. Quand elle s'enquit de son identité, la petite terrienne sourit et opina du chef.

En effet, je suis Mathilde de l'Argentière, je suis venue sur Revanna pour rendre visite à Maniel et Relnak, en apprendre un peu plus sur vous et jeter un œil sur quelques uns de vos appareils. Ravie de rencontrée, Riyo et Vanel'la également. Je vois que ton père n'a pas réussi à te préserver de ces atrocités? Maniel... Décidément ces hommes, n'y connaissent pas grand chose de ce qui est bon pour une femme.

Elle gloussa et s'installa continuant de son ton léger.

J'espère au moins qu'il t'a fait découvrir les glaces? J'aurai bien emmené des spécialités dont j'ai le secret, mais apparemment, emprunter la Porte des Etoiles pour faire des courses semblait quelque peu excessif, il faudra donc que nous fassions avec ce qu'il y a ici. Je vais donc m'en remettre à toi pour la dégustation. Prends soin de moi, Riyo.

Cette petite expression typiquement japonaise pouvait sembler comique dans la bouche de Mathilde, mais malgré la petite frimousse adorable de la petite fille, la scientifique savait pertinemment qu'il y avait une personne qui était plus vieille que son arrière arrière arrière grand père... alors forcément...

Riyo regarda Mathilde avec étrangeté, presque avec surprise :

- Le chocolat ? Une atrocité ? Vous n'aimez pas vous ?

Elle ne semblait pas avoir compris que la jeune femme semblait plaisanter. Tant pis... Elle avait toujours un peu de mal avec l'ironie venant des terriens, qui lui semblait si bizzare des fois. C'était... Un autre mode de pensée chez eux. Elle la regarda s'asseoir près d'elle et l'écouta avec attention, avant de répondre :

- J'ai déjà essayé la glace. Une fois. C'était plutôt... glissant, si bien que je n'ai pas vraiment goûté à proprement parlé.

Puis, enchainant immédiatement, montrant preuve de son insatiable curiosité :

- Vous cuisinez ? Vous faites quoi comme repas ? C'est bon au moins ? Vous savez, ici c'est très bon aussi !

Elle prit la scientifique par la main et l'entraina à sa suite vers les conteneurs avec un enthousiasme non dissimulé. Une telle bouffée de fraicheur telle qu'était la gamine était un véritable bonheur... Elle fourra dans les bras de Mathilde une sorte de plateau, en prit un pour elle même et commença d'une main presque experte à mettre pêle-mêle sur les plateaux de nombreuses choses que Mathilde n'avait jamais vu. Elle la raccompagna à sa place.

Au final, la japonaise avait bol avec ce qui semblait être des mini ananas, sans toutefois les feuilles qui ornaient la tête de la version terrienne, un étrange steak violet accompagné de feuilles de salades on ne peut plus normales. En dessert, elle avait un cube rouge parfaitement lisse qui trônait dans une petite coupole en cristal (comme à peu près tout dans cette base !). La petite tok'ra avait quasiment le même repas, sauf qu'elle avait pris une énorme part de fondant au chocolat qui venait de la Terre...

- Bon appétit ! lança-t-elle d'un ton joyeux, avant d'attaquer son repas avec un air féroce

Eclatant de de rire, la jeune femme répondit à la petite fille.

Oh que si! Toute femme qui se respecte aime le chocolat. Beaucoup trop à mon avis d'ailleurs. C'est notre meilleur ennemi. Mais ces barres chocolatées sont pleines de colorants et autres produits chimiques. Si tu veux manger du chocolat, du vrai, on préparera un de ces jours un fondant au chocolat ou des cookies, c'est facile et après on peut délicieusement culpabiliser sur les calories superflues qu'on a englouties. Quand aux glaces, oui, il faut faire attention sinon ce sont les vêtements ou le sol qui en profitent... tu parles à une experte. Grand sourire amusé par ces souvenirs souvent très cocasses. quand à la cuisine... Je sais préparer quelques plats français, la France c'est le pays où est notre base à nous, mais ma spécialité reste la gastronomie japonaise. Un autre pays de ma planète où j'ai grandi et dont je suis native... C'est un peu compliqué en fait. Mais pour en revenir à la cuisine, on pourrait s'amuser un de ces jours à faire une surprise à Maniel et Relnak. Qu'en penses tu?

Elle se laissa guider et remplir le plateau par Riyo, se demandant bien ce que pouvaient être chaque plat qu'elle lui servait, mais comme elle était de nature curieuse et qu'au niveau culinaire, elle était du genre à apprécier la nouveauté, elle s'attaqua à cette aventure gastronomique, goûtant à tout, avec entrain.

Itadakimasu!

Mathilde proposa de faire une surprise à Maniel un jour ou l'autre. Riyo regarda la jeune femme et eut une sorte de petit pincement aux lèvres, tout en machonnant un simili-ananas :

- Mon père desteste les surprises... Il prefere quand tout se passe comme IL l'avait prévu.

Puis, sursautant après la remarque de la jeune femme en japonais. Le mot avait d'étranges consonnances dans l'oreille de la petite, et elle était à des milliers d'années lumières de savoir ce que cela voulait dire :

- Itatiquoi ?

Elle la regarda avec ses petits yeux perçants.

- Vous avez d'étranges coutumes sur Terre. Maniel ne m'a jamais dit ça pourtant... Vous n'avez pas de langue commune chez vous ?

Riyo était loin d'être stupide, et ce qu'avait dit son interlocutrice n'était pas un mot français, elle en était sûre, et ce même si elle ne connaissait pas tout le dictionnaire Taur'i par coeur. Pourtant, il lui avait paru tout à fait normal au début que les terriens parlent la même langue sur la surface de leur planète... Après tout, les tok'ras parlaient bien la même langue non ? Elle était habitué au concept d'une langue pour tout le monde...

S'arrêtant de manger, la jeune femme considéra un instant Riyo sans rien dire puis avec un sourire malicieux lui dit d'un ton de conspiratrice.

C'en est encore meilleur quand ils aiment pas. Parce qu'ils râlent, mais finalement sont bien contents et avouent qu'on a bien fait de les surprendre. Et puisque tu es la femme de la famille, tu dois apprendre à le mener par le bout du nez. Je suppose que tu le fais déjà n'est ce pas? L'homme règne peut être, mais la femme gouverne!

Elle la gratifia d'un sourire complice, ne doutant pas un instant que la petite fille usa de son charme de gamine pour faire fondre son paternel, tout adoptif soit il. Elle l'avait fait quand elle était plus jeune et d'ailleurs, elle continuait toujours. Un battement de cil, un regard craquant et innocent et généralement tout velléité de refus était mise en berne. Bon, il y avait aussi la solution pilonnage et harcèlement en règle, comme elle l'avait avec Maniel pour venir sur Revanna. C'était payant aussi et en général accessible à un petite fille.
Riyo lui demanda ce qu'elle venait de dire, il était vrai que le japonais ne devait pas faire partie de l'enseignement classique. Elle avait gardé l'habitude d'employer le japonais aussi facilement que le français et si pour communiquer avec les autres c'était la seconde qu'elle employait, quand elle se parlait à elle même, lâchait une exclamation ou phrase toute faite, elle avait tendance à se reporter à la première. Elle élargit la question aux langues de la Terre, se demandant s'il n'y avait qu'une langue ou plusieurs.

En fait, il y a une multitude de langues sur Terre. Ce que tu viens d'entendre est du japonais, la langue du pays dont je suis originaire. Et sinon nous employons le français dans le pays où se trouve la base. Mais il y a également l'anglais, l'espagnol, l'allemand, le russe, l'italien, le portugais, le bantou, le cantonnais, et j'en passe! La Terre n'est pas un endroit où l'on unifie les choses, c'est un monde de diversité, et si c'est parfois un problème, c'est aussi ce qui fait sa richesse et sa force. Si tu veux je pourrais t'apprendre quelques unes des langues de notre planète que je maîtrise et je te ramènerais des livres et des dvd pour apprendre le reste. Comme ça quand tu viendras la prochaine fois, tu pourras m'accompagner et on passera pour des touristes.

Mathilde lui dit qu'il y avait de nombreuses langues sur Terre. Riyo s'en souvenait vaguement, son père lui en avait parlé une fois. Lui même ne parlait que français, et de temps en temps il lui arrivait de parler dans un anglais approximatif et très laborieux... La jeune femme lui proposa même de lui apprendre. La petite sembla reflechir quelques instants, et répondit :

- Je ne sais pas si ça me servirait beaucoup, non ? Il faudrait plutôt que j'apprenne les langues anciennes, ce serait plus pratique quand je traverserai le chapp'ai... Mais je veux bien essayé, au moins pour ce que vous appelez "l'englé", je crois que c'est ce qui est le plus parlé sur votre planète...

Elle coupa sa viande, regardant son interlocutrice avec ses petits yeux. Mangeant un morceau, elle continua :

- Je n'ai pas le droit de sortir de la base... Je suis sortie la dernière fois, alors que j'avais pas le droit. Maniel m'a un peu remonté les bretelles et m'a faite jurer de ne pas recommencer...

Ca avait l'air de la peiner un peu. Elle aimait bien la Terre, et il lui restait tant de chose à découvrir là bas. Mais son père avait bien insisté dessus, elle n'avait pas le droit et c'était dangereux pour elle. Pour sortir, elle devait obligatoirement demandé avant au général Parray une escorte et tout le reste, de quoi se dégouter de la petite balade !

En fait, nos langues actuelles découlent de ces fameuses langues anciennes. Je pourrai t'apprendre le latin si tu veux et un peu de grec ancien. Cela fait partie des choses "utiles" que j'ai dû apprendre. Chez nous quand quelqu'un est intelligent, on lui fourre dans le crâne tout un tas de choses inutiles jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place libre!

La jeune femme éclata de rire, mais n'en pensait pas moins. toutes ces idioties qu'elle avait dû ingurgiter jusqu'à plus soif! Et pourquoi? Parce qu'elle était issue de bonne famille et douée pour les études... Elle en avait presque regretté de ne pas être née attardée dans une famille pauvre.

L'anglais n'est pas la langue la plus parlée, mais c'est celle qui permet de se faire comprendre dans le plus de pays. C'est par défaut la langue internationale. Bon, la majorité des personnes pour qui ce n'est pas la langue d'origine ont tendance à la massacrer joyeusement. C'est toujours très amusant d'entendre un français s'essayer à la langue de Shakespeare! pour les langues anciennes, il faudra voir avec des archéologues du SGC, je ne maîtrise pas assez le latin et le grec ancien, juste ce que l'on m'a enseigné durant mes études. Mais le principal n'est pas que ce soit utile, le principal est que cela te plaise.

Mathilde parut surprise de ce que lui racontait Riyo sur sa balade à l'extérieur du SGC.

Sortir sans autorisation est dangereux. Je te dirai bien qu'il faut bien que jeunesse se passe et qu'après tout se faire plaisir de temps en temps vaut bien "d'oublier" les recommandations parentales, mais là cela aurait pu être problématique si par exemple tu avais fini à l'hôpital ou ce genre de choses. Je comprends que Maniel ait été en colère... Mais avec un peu de persuasion je suis sûre qu'il rendra les armes et que nous pourrons faire une balade. Enfin, si cela te tente. Vu que tu es déjà sortie peut être que cela ne t'intéresse plus autant. Mais ne tirons pas de plan sur la comète! nous verrons bien de quoi demain sera fait! Pour en revenir aux langues, ce que j'ai dit tout à l'heure signifie "bon appétit". D'ailleurs, c'est pas mauvais ces petits bulbes, la viande est un peu filandreuse, mais goûteuse... Et non, je ne veux pas savoir de quoi elle provient, c'est mieux pour nous deux.

Elle éclata de rire.

Elle découvrit bien vite que la jeune Mathilde aimait bien rire. C'était une bonne nouvelle, car elle était un peu pareil. Elle lui parla un peu des langues, et continua sur les sorties du SGC. Elle ne renchérit pas sur les langues, se disant qu'elle verrait ça avec Jenny Andrews, une amie de son père, qui était archéologue. Enfin à condition que celle ci ne lui en veuille pas trop de la dernière fois. Elle l'avait un peu trop tournée en bourrique, et elle avait finit par s'énerver un peu... Elle répondit donc pour les sorties :

- Mes sorties ne dépendent pas seulement de l'avis de mon père, ce serait bien trop facile, fit-elle avec un petit sourire. Pour quitter le SGC, je dois demander officiellement l'autorisation au général Parray, qui devra alors m'affecter une escorte et tout le reste... Ce n'est plus vraiment agréable après...

Elle avait déjà quasiment finit son repas, et s'attaquait à présent avec un regard gourmand à son moelleux au chocolat. On pouvait dire qu'elle mangeait vite cette petite ! Saisissant sa cuillère d'une main presque experte, elle regarda Mathilde :

- Votre planète fait de la très bonne nourriture... Le problème c'est que c'est un peu trop calorique ! J'espere pour vous que ce n'est pas partout pareil.

Continuant son repas tranquillement, elle poursuivit :

- La Terre est bien étrange. Sur tous les mondes que j'ai pu visiter, vous êtes presque les seuls à avoir atteint un telle niveau psychologique, même chez ceux qui ne sont pas sous la domination des goa'ulds. C'est une chance pour vous que les faux-dieux ne vous soient pas encore tombés dessus...

Comme elle s'en doutait, le général n'avait pas envie que des tok'ras se baladent sur Terre sans qu'elle soit au courant et qu'elle les fasse surveiller. Autant pour la petite promenade pépère... Tant pis, elle verrait bien si une opportunité se présentait.

La petite fille parla ensuite de la nourriture trop riche venant de sa petite planète bleue. Il était vrai que dans la plupart des pays occidentaux, on y allait pas avec le dos de la cuillère et le résulta était qu'un tiers de la population était en sur-poids ou carrément obèse.

C'est vrai. Les terriens mangent pour la plupart une nourriture trop riche par rapport à leur activité physique, mais par exemple, dans mon pays d'origine, on fait bien attention à ce genre de chose et l'alimentation est rigoureusement étudiée. D'ailleurs, elle est moins grasse, moins riche et ne blanchit pas sous les excès de sel... Reste qu'elle a tendance à rebuter certains. Mais je te ferai goûter, je ne voudrais pas que tu imagines que la gastronomie sur Terre se limite à ce qu'on peut trouver dans un petit restaurant de campagne ou pire dans un fast-food! D'ailleurs, tu devrais manger plus doucement, ton corps assimilera mieux, la satiété viendra plus naturellement sans que tu aies eu besoin de te remplir l'estomac à t'en faire gonfler comme une baleine.

Et elle montrait l'exemple, savourant chaque bouchée. avec la petite Mathilde, il ne fallait pas être pressé car elle aimait prendre son temps pour manger, surtout quand il s'agissait d'un nouveau plat.

La jeune fille aborda ensuite l'évolution de la Terre, la comparant à d'autres exemples qu'elle connaissait.

La Terre est le berceau de l'Humanité, et de ce que l'on a pu en juger, de la xénohumanité. Même si tu es née sur une planète à des milliers d'années lumière de ma planète, nous avons des ancêtres "communs". Ce sont les goa'ulds qui ont dispersé les humains à travers l'espace en les asservissant dans le passé comme l'a fait Ra en Egypte. Il est logique que nous ayons une culture plus ancienne et un développement plus poussé. Notre civilisation repose sur des bases vieilles de près de cinquante mille ans. Même pour ton symbiote cela doit faire un sacré paquet d'années. Elle sourit. A l'époque nous savions tout juste faire du feu et nous manions des armes en silex, mais c'est de ces ancêtres que là qu'est issue chaque civilisation terrienne. Il se sont répartis sur la planète, ont évolué différemment en fonction de la région et au final, aujourd'hui, il y a si je me souviens bien environ deux cent pays différents répertoriés avec une population allant de quelques centaines de milliers à plus d'un milliard et demi!
Les Grands Maîtres sont venus sur Terre, et ont les en a chassé voilà près de dix mille ans, à l'aide de simple lances. Et pas n'importe lequel, Ra himself! Et quand nous l'avons recroisé... hop une charge nucléaire dans les gencives et adios amigos! J'admets que c'était un peu beaucoup, même pour une or... personne aussi détestable, mais comme on dit, il faut ce qui faut. Et puis maintenant, nous pouvons anticiper et faire en sorte qu'ils aient d'autres chats à fouetter. Au pire, on leur fera payer le prix du sang s'ils viennent poser le pied sur notre planète, quitte à y laisser beaucoup de plumes dans l'histoire. Chez moi, on considère qu'il vaut mieux mourir l'arme à la main et libre que vivre avec la pioche dans les doigts et le dos courbé comme un esclave et à voir votre comportement, vous êtes du même bois. Mais parlons d'autre chose, évoquer ces mauvais bougres, gâte mon plaisir.

Lorsque Mathilde lui conseilla de manger moins vite, elle fit une petite moue de dépit adorable. Elle avait tant l'air du petite enfant comme ça, c'était si craquant... Elle posa sagement sa cuillère, faisant une pause en plein milieu de son fondant, et commença à tortiller avec le doigt quelques unes de ses longues mèches blondes, après avoir bien sûr nettoyé ses petites mimines pleines de chocolat... Elle regarda la scientifique avec ses petits yeux. Elle paraissait si jeune, et pourtant une lueur d'intelligence sûre dormait dans ses prunelles bleue. Tout comme la malice d'ailleurs...

- Vous savez, vous avez surpris les goa'ulds sur le coup. Et j'oserai même avancer que la défaite de Râ n'est dûe qu'a son incompétence sur Terre et non à votre force...

C'était fou, on aurait presque dit les mêmes paroles que son père ! Tout aussi défaitiste... Si ce n'était la petite voix fluette qui nuancait presque involontairement ces propos.

- Ca nous a beaucoup étonnés qu'un peuple aussi primitifs que vous étiez à l'époque puisse forcer un grand maitre à s'enfuir.

Là plus de doute, on voyait bien qu'elle pouvait n'avoir de fillette que l'apparence !

- Quant à vos chances s'ils vous tombent dessus bientôt, vous n'avez qu'a parler à mon père ! Je veux bien admettre que je suis pessimiste, mais lui il est bien pire, finit-elle, les yeux pétillants.

Elle reprit sa petite cuillère et entama la fin de son gateau. C'était un peu déstabilisant de parler avec Riyo. On avait l'impression d'avoir une gamine en face, et puis d'un coup, même sans avoir affaire au symbiote, on s'adressait à une autre personne. Elle cachait bien son jeu la petite, avec sa jolie frimousse !

Mathilde leva les yeux au plafond en écoutant "Maniel bis". A croire que tous les tok'ras recevaient une formation spéciale pour apprendre à devenir de tristes sires. Quand elle ouvrit la bouche, son premier réflexe fut de lui faire la morale comme on le ferait à une enfant, mais elle se ravisa. Ce dont elle se doutait venait de trouver réponse, Riyo avait bel et bien l'air d'une enfant, et parfois le comportement, mais la présence du symbiote avait effacé une partie de son innocence voire peut être la totalité. En même temps, avec les horreurs de la guerre on y laissait tous des plumes, Mathilde était bien placée pour le savoir...

Riyo... Et Vanel'la aussi pour le coup, ce que je vais dire valant pour vous deux... Et pour la Tok'ra toute entière même. Si on part du principe que les jeux sont faits, que l'on a rien d'autre à faire que misérablement se débattre en attendant de se faire écraser, dis moi, pourquoi vous battez vous? Une petite lueur de colère passa subrepticement dans le regard de la scientifique. Je ne me bats pas parce que c'est mon devoir, pas parce que c'est inscrit dans mon ADN, je me bats parce que je sais que tant que des gens se dressent face à la tyrannie, il y a une chance d'en venir à bout. Cela prendra peut être un an, dix ans ou cent, mais nous en viendrons à bout. Même si notre planète est mise à genoux comme elle l'a été par le passé, nous nous battrons. Un a un, nous règlerons le compte aux grands maîtres et pas un seul n'ignorera que tant qu'ils existeront et se croiront les plus forts, nous les liquiderons.

Elle fit une pause pour laisser redescendre sa pression artérielle qui commençait à grimper, cela se sentant dans son discours plus passionné.

Nous sommes peut être technologiquement plus primitifs, nous ne vivons pas des millénaires, mais contrairement à vous ou aux goa'ulds, nous nous remettons toujours en question, nous ne nous satisfaisons jamais de ce qui est acquis et nous ne nous arrêtons pas devant des détails aussi triviaux que la différence de force à l'avantage de l'ennemi! Et si l'on doit déchirer la gorge du dernier goa'uld avec les dents, et que pour se faire il faut y consentir l'ultime sacrifice, ce ne serons pas les volontaires qui manquerons, et pas seulement parce que ce sera une façon de graver son nom dans l'Histoire, mais parce qu'on a toujours l'espoir de gagner, même si les probabilités ne sont pas en notre faveur. C'est ça qui vous manque, l'espoir. Vous avez perdu votre reine alors vous attendez patiemment votre tour pour la rejoindre dans un simulacre de guérilla.

Si vous arrêtiez un instant de vous morfondre comme une veuve neurasthénique, vous verriez que tout n'est pas joué, loin s'en faut et que nous pourrions faire de grandes choses ensemble et pas seulement être une épine dans le flanc de nos ennemis jusqu'à ce qu'ils décident d'accorder autant d'importance à notre existence qu'à celle de leurs rivaux. Pfiouuu! Votre défaitisme m'énerve, mais m'énerve! Pour un peu je te ferai copier mille fois "je ne vendrai pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué".

Elle croisa les mains un petit moment puis réajustant nerveusement une mèche qui n'avait rien demandé elle embraya, visiblement lancée sur le mode sermon.

Je vais te donner un petit exemple terrien qui pourra te donner la mesure de ce que nous pouvons faire quand nous sentons qu'il faut le faire. Il y a de cela un bon paquet d'année, Relnak n'était même pas né c'est dire si c'est vieux! Deux de nos anciens royaumes se firent face. D'un côté L’Empire achéménide, un pays immense dirigé par Xerxès, un gaillard plutôt avide, et de l'autre Léonidas, roi d'une province grecque aussi grande qu'une tête d'épingle. Le premier dispose d'une armée de plus de deux cent mille hommes et quatre vingt milles animaux, le second n'a pour sa part que trois cent membres de son armée et sept alliés venant d'une province voisine. De plus ce dernier se fait trahir et voit que l'ennemi va le contourner pour le prendre à revers... On sait que Xerxès acceptait les redditions de ses ennemis au prix de leur vassalité, s'ils s'étaient rendus, les spartiates et les thespiens auraient pu avoir leur vie sauvée, mais... Ils ont choisi de se battre! A un contre deux cent! Fantassin contre toute une armée, fantassins, archers, cavaliers, navires de guerre! Pendant trois jours, trois jours!
Ils ont tenu bon, même quand leur roi est mort au combat et qu'ils ont bataillé dur pour ne pas que son corps soit pris par l'ennemi. Au final, le millier de grec qui s'était opposé à Xerxès fut massacré, pas un n'en réchappa... Mais Ca, Léonidas le savait, tout comme chacun de ses hommes. Leur but n'était pas de gagner, mais de permettre à leurs alliés qui s'étaient repliés de conforter leurs rangs, de préparer une armée et de revenir au combat. Ces trois jours de sursis offert par le sacrifice des mille hommes des Thermopyles a permis de retarder l’armée de Xerxès et aussi de lui coller une petite dérouillée au passage.

Nous battre, nous savons le faire, depuis plus longtemps que vous, vous êtes nés avec l'enseignement de votre reine, nous, nous sommes nés pour nous battre, cela fait plus cent mille ans que ça dure, on a pas attendu Râ ou n'importe quel tyran venu d'ailleurs! Peut être que notre espérance de vie n'est pas la même, mais nous savons que tactiquement et stratégiquement, les goa'ulds sont des buses finies, leur seule puissance repose sur une armée de jaffas commandée avec les pieds et qui n'opère que d'une façon digne des combats de l'antiquité. La seule véritable supériorité des grands maîtres tient dans ses vaisseaux lourds - les "alequèches" et "attaque" - et cet avantage ne sera pas éternel, soit parce que nous trouverons un moyen de contourner leur protection, soit parce que nous finirons par construire les nôtres si cela devient nécessaire et si une véritable guerre s'annonce. Ne croyez pas que les moyens de la Terre sont seulement ceux du programme SGC! Si les gouvernements de la planète sont mis au courant de la menace goa'uld et de la nature même de cette menace d'ici à deux ans vous pouvez être certains que nous sortirons notre premier bâtiment de guerre spatial! Arrêtez donc de nous prendre de haut et nous seriner avec votre soit disant clairvoyance! Vous êtes des défaitistes qui ne vous assumez pas, partagés entre le besoin biologique de poursuivre l'œuvre de votre reine et la pulsion morbide de la rejoindre dans la tombe! A vous écouter, tout est fichu d'avance, la seule chose qui reste encore à faire s'est de d'aller au charbon, juste pour se faire descendre au combat, au moins c'est moins douloureux que de se faire torturer jusqu'à ce que mort s'en suive!
Et oui, j'ai tenu le même discours à ton père, il n'a pas été sourd! Je déteste les fatalistes qui se résolvent à subir leur sort sans essayer de changer le cours des choses, se résignant à conduire leurs actions biologiquement implantées sans pour autant espérer que cela serve à quelque chose au final. Si votre reine était encore là, elle vous botterait le derrière si fort que vous ne pourriez vous asseoir pendant un bon millénaire! En tout cas, nous les terriens, n'avons pas l'intention d'attendre qu'on vienne nous cueillir comme des fruits mûrs sans rien faire et nous ne nous cantonnerons pas à de petites manœuvres pour nous faire oublier, puisque de votre propre aveu, les goa'ulds ne nous oublieront pas. Non seulement nous allons nous battre, mais nous allons gagner, et vous feriez bien d'en prendre de la graine! Elle se leva un peu comme si elle était montée sur ressort. Sur ce, je vais au labo, il faut que je me calme. Vous avez le don pour me mettre hors de moi avec vos vérités toutes faites et tellement confortables! Brrrrr! Ce que vous pouvez être agaçants!

Elle leva et agita les mains pour bien expliciter son agacement en question. Et oui, elle était visiblement en colère. Une colère issue de son exaspération quand au comportement de Maniel et par incidence, sur Riyo. Quand elle attraperait le breton, elle lui dirait sa façon de penser et il allait passer un sale quart d'heure!
Une fois levée, elle prit sa gelée et partit sans tarder pour le laboratoire... Malheureusement la gelée n'irait pas bien loin. Au moment où Mathilde sortait, un tok'ra entra et reçut le dessert sur le torse quand la jeune femme s'écrasa littéralement sur lui, la petite coupelle de cristal tombant et éclatant en morceaux. C'en était trop, la scientifique houspilla le malheureux dans une langue que heureusement il ne comprenait pas - le japonais - ouvrant des yeux ronds comme des billes et se demandant ce qu'il pouvait bien arriver à cette étrange terrienne. Avant qu'il n'ait pu s'excuser, cette dernière s'était enfoncée dans les couloirs de la base en fulminant de façon très bruyante, les autres tok'ras qui la croisaient s'écartant prudemment de son passage en se disant "ils sont fous ces tau'ris". Trois heures plus tard, la baronne retrouvait enfin son laboratoire. Sa colère et sa fierté l'empêchant de demander son chemin, elle avait juste dû faire trois ou quatre fois le tour du complexe...