A la phrase qu'il lui adressa, Zoé répondit par un coup de poing dans la vitre. La douleur se répandit dans ses jointures à la manière de l'adrénaline. Elle s'en foutait que ce soit nécessaire, qu'il ait raison, que des gens autres qu'elle réclament des explications et des excuses. La torture devait prendre fin maintenant ! Songeant que le pire pour son scientifique n'était sûrement pas encore passé, elle plaqua ses paumes contre la vitre.

"Sors de là, Lewel, allez ..."

Elle parlait toute seule, et alors ? Elle croyait ne pas se tromper en disant qu'elle n'était pas la plus folle ici ! Ses yeux attrapaient le moindre détail de ce qui déroulait devant elle, jusqu'aux veines qui ressortaient sur les avant bras de l'adjudant Daving, preuve de sa colère. Son coeur battait au ralentit alors qu'elle se répétait en boucle qu'il ne fallait plus que le soldat frappe Lewellyn. Ses yeux, d'ailleurs, faisaient la navette entre les deux hommes. Comment pouvait-on avoir l'air plus soumis que le scientifique en ce moment ?

Zoé tourna son regard vers Luc.

"Laisse le, maintenant, va t-en ..."

Elle leva les yeux vers la vitre qui empêchait Daving de l'entendre comme si, cette fois-ci, elle allait trouver un bouton qui servirait d'interphone. Mais le contrôle n'était pas sien, pour changer, elle ne pouvait que regarder sa vie se jouer ...

Et le pire ? C'est que ce n'était pas fini. Quelqu'un d'autre ici bouillait ...

(H.J. : Luc ne pouvant être là, j'improvise pour que nous puissions poursuivre...)

Le coup que Damien colla à Drogon eut pour résultat de le mettre à terre, de cracher du sang et de lui faire tomber une dent. Damien ne quittait pas le scientifique des yeux et il devait lutter pour ne pas lui sauter à la gorge et l'égorger. Il pensa soudainement à Zoé qui devait le prendre pour un grand barge mais cette pensée disparue aussi vite qu'elle était apparue. Si Damien était là, c'était pour faire comprendre à Lewellyn qu'il devait arrêter de jouer avec les sentiments des autres comme ça. Zoé tenait énormément à lui et elle avait souffert de le voir agir comme ça envers elle. Damien s'énervait encore plus à voir Drogon rester là, debout devant lui sans rien faire. Il n'avait pas pour habitude de cogner sur des personnes qui ne bronchaient pas, mais à l'heure actuelle, Lewellyn avait plus une tête à claques qu'autre chose. Damien se ferait un plaisir de le cogner jusqu'à ce que cet abruti le supplice de lui fiche la paix. Il en avait rien à faire de le voir cracher du sang. Il ne récoltait que le fruit de sa démence.

"PEUT ETRE QUE JE REAGIS COMME TU L'AS PREVU CRETIN MAIS A MON AVIS, TU NE T'ATTEND PAS A CE QUI VA SUIVRE !!!"

Damien était à la limite de la folie meurtrière et le fait de voir Drogon le provoquer n'allait certainement pas faciliter les choses. Doucement, Damien sortit son petit canif de la poche de son jean. Il attendit que Lewellyn soit à proximité de sa main pour la lancer et laisser une belle coupure sur sa joue. L'archéologue regarda quelques secondes ce qu'il venait de faire et plia lentement le petit couteau qu'il replaça dans sa poche après avoir pris soin de nettoyer la fine lame.

"COMME ÇA TU GARDERAS UN SOUVENIR DE MOI ET DE CE QUE TU RISQUES SI TU OSES LUI REFAIRE DU MAL !!!"

Damien était dans l'incapacité complète de se calmer. il n'avait qu'une envie, cogner une nouvelle fois sur le scientifique mais il ne le fut pas. Au contraire, ce fut un des murs qui pris à sa place et Lewellyn devait s'en sentir soulagé car à l'endroit où Damien avait frappé, il y avait un beau trou. La main ensanglantée, Damien attrapa Lewellyn par le col et le regarda droit dans les yeux.

"Que tu ne refasses plus jamais ça compris ?!"

L'archéologue poussa le scientifique avant de quitter la pièce, toujours aussi énervé mais d'une certaine façon plus détendu.

Le deuxième coup qu'assena le militaire fit flanché l'archéologue, mais pour une raison inconnu il refusait d'aller chercher de l'aide; quelque chose lui disait que cela n'aiderait aucunement l'affaire. Lui bien sur ne pouvais rien faire, emprisonner dans cet habitacle, et de toute façon n'avait pas la force musculaire si il en avait été autrement. Quand enfin Luc quitta le scientifique Anhim se sentit soulagé, il en avait vu assez et ne voulait plus voire une des seules personnes dont il connaissait le visage se faire tuer.

Le prochain fit rapidement son apparition suite à sa 'libération' de la cellule. A première vue il semblait plus calme, plus réserver, et Anhim espérait le meilleur. Il avait commencé à parler doucement, relativement calme, et cela mit le jeune archéologue à l'aise. Mais il ne fallut qu'un instant afin que la situation ne se retourne complétement, en moins de deux secondes, l'homme qui avait une apparence calme, avait sauté sur Lewellyn et décroché un coup de poing. La scène figea Anhim sur place. Bon sang, mais ce sont tous des malades ou quoi?

Après s'être redresser, le scientifique répondit à l'homme et Anhim sut immédiatement que cela allait mal tourner, traiter un homme violent comme celui-la de prévisible n'amenait jamais rien de bon. Avant que n'importe qui ne semble comprendre ce qui se passait l'homme sortie une lame de sa poche et défigura le docteur Drogon. C'était incompréhensible, comment des membres d'une division militaire, des hommes de confiances, pouvaient-ils agirent de la sorte?

Le jeune homme perdait son sang froid, il était venu ici, curieux, et à la recherche de simples questions. Au lieu il se trouvait en plein milieu d'une presque guerre, en peu de temps du sang avait coulé, et seulement chez un individu. Mais qu'est-ce qui leurs prends? Ils sont taré ou quoi?

À son grand soulagement le plus brutal des visiteurs quitta enfin la salle, laissant le scientifique seul, sur le sol, à perdre son sang. L'archéologue regarda autours de lui, cherchant de nouveau quelque chose quand son regard croisa celui de la seule autre personne sur place, une femme du nom de Zoé si il se rappelait correctement. Beaucoup semblait tourné autours d'elle, et de ce qu'Anhim avait pu voire et entendre il devait bien avoir quelque chose entre les deux. Il jeta un nouveau regard rapide sur le scientifique et puis de nouveau sur Zoé. Résigné, il se retourna et ouvrit la porte par laquelle il était rentré. Il regarda une nouvelle fois la salle et vit que la femme se dirigeait déjà hors de sa prison temporaire.

Laissant la porte se refermer derrière lui il songea à tout ce qui venait de ce passer dans le cours laps de temps. Il n'aurait pas du venir, cette idée c'était fixé dans son esprit, il n'avait rien à faire ici. Il se demanda ce qu'il ferait si il croisait dans un des couloirs du SGC un des deux hommes, comment réagirait-il?

Il sortit de la battisse, inspirant enfin de l'air frais, se libérant de ce qu'il venait de voir. Il fut tenté un instant de quitter complétement les lieux, mais ne voulait pas retourner à la base et risquer de croiser un des deux hommes.

Il traversa la rue et s'assit sous l'ombre d'un arbre gardant un regard sur la porte d'entrée et de sortie. Il ne voulait plus faire intrusion dans la vie d'une des seules personnes dont il était reconnaissant. Il en avait déjà trop vu, mais il ne voulait pas non plus l'abandonné. Il s'était donc décidé, si les deux sortaient ensemble, de façon paisible, il resterait dans son coin et ne se ferait pas remarquer. Si il en allait autrement... alors il improviserait, peut-être un voyage à l'hôpital afin de commencer les choses.

Damien entra et sa colère ne tarda pas à se déchaîner sur Lewellyn. Comme terrassée par tant de rage, Zoé ne parvint pas une seule fois à crier et supplier pour que Damien cesse et se calme. Pour la première fois depuis le début de cette rencontre, elle ne se sentait pas impuissante. Elle était spectatrice, toujours, mais le jeu malsain qui se déroulait devant les yeux lui vidait complètement l'esprit. Le sang, la douleurs, les larmes ... les mots. Blessants. Aussi blessants que la lame que Damien venait de sortir et qui s'était enfoncée dans la joue de Lewellyn. L'homme qu'elle aimait.

"DAMIEN !"

Sentant de nouveau les larmes ruisseler sur ses joues, elle donna un coup de poing sur la vitre.

"Damien ! Arrête ! Ca va, maintenant !"

Poussant un cri de rage, elle se détourna de la vitre pour s'obliger à arrêter de regarder ce qui lui semblait être une mise à mort. Rageant, elle regarda autour d'elle.

"Je ne suis pas un animal que tu peux mettre en cage, Lewellyn !"

Son hurlement lui fit mal à la gorge, l'essouffla et son sang battait sourdement à ses tempes. Elle sentait la colère prendre part d'elle et elle décida de s'y abandonner. Tant pis. Tant pis pour sa santé mentale, de toutes façons, avec ce qu'elle avait vécu, il y avait peu de chance qu'elle sorte indemne. Elle regarda les muscles de ses bras se crisper et ressenti l'adrénaline brûler ses muscles.

Ce n'était pas un jeu.

Prête à hurler elle aussi, elle se retourna vers la vitre derrière laquelle elle s'attendait à voir Damien déverser ses envies de vengeance sur le scientifique. Mais sa vision fut tout autre. Le dit scientifique se tenait dans l'encadrement de la porte de sa prison, il la regarde, tremblotant, un mouchoir pressé sur l'horrible plaie que lui avait fait Damien.

C'était le moment ou jamais.

Elle s'avança vers lui, furieuse, rageuse, bouillonnant, le maudissant. Prenant le plus d'ampleur possible avec son bras, elle le gifla de toutes ses forces. Dans le regard qu'elle lui jeta, elle espérait véhiculait toute la haine du monde entier. Il devait se sentir minable, il devait avoir l'impression de mourir, comme elle, elle l'avait eue. Les muscles douloureusement crispés, elle ouvrit la bouche et déversa sur l'homme responsable de ses malheurs des paroles chargées de haine et colère. Dans sa tête, en boucle, la loi du Talion tournait. Oeil pour oeil, dent pour dent. Tu m'as détruis, Lewel ? A moi.

Ca, c'est ce qu'elle pensera qu'elle aurait dû faire, plus tard, quand elle repensera à cette entrevue. Mais au lieu de ça, face à la vision d'un Lewel détruit physiquement, toute trace de colère s'évanouit. Inquiète, elle se précipita vers lui.

"Oh mon Dieu, Lewel !"

Les doigts tremblants, mais de nouveau en forme dans son rôle de médecin, elle écarta de sa joue le mouchoir qu'il gardait pressé contre la plaie.

"Quelle horreur ... Il te faudra des points de retour à la base !"

Evitant toujours le regard du scientifique, regard dont elle rêvait et dans lequel elle avait peur de revoir ce qu'elle avait une fois vu, elle préféra suivre des yeux ses doigts qui parcouraient habilement les divers endroits où Lewellyn avait été frappé, à la recherche d'autres graves blessures sortant de l'ordre de l'hématome.

Zoé refusait d'arrêter d'examiner Lewellyn, de relever les yeux vers lui pour croiser son regard jusqu'à ce qu'il lui écarte les mains pour finalement se laisser tomber à genoux devant elle. Ce fut inévitable, elle fut obligée de regarder son visage. Aucune surprise quand elle se rendit compte du fait qu'elle se souvenait du moindre détails des traits faciaux du scientifique à la perfection. Aucune surprise quand son coeur manqua un battement face aux yeux inondés de larmes de Lewellyn. Aucune surprise non plus quand elle se sentit elle aussi perdre le contrôle et relâcher la bride sur ses larmes qui étaient maintenant de retour sur ses joues ...

Elle l'écouta parler, immobile. Elle n'eut aucune réaction lorsqu'il implora sa vengeance. Il s'agrippa à elle en sanglotant.

Comment pouvait-il exiger d'elle une vengeance ? N'y avait-il pas eu assez de violence ? Que recherchait-il vraiment ? Le pardon ou une genre de mise à mort bien organisée ? Avait-il tout prévu pour n'avoir aucune issue devant lui et ne plus devoir faire face à elle ? ... Prévoyait-il de l'abandonner de nouveau ? ...

Aveuglée par ses larmes, elle le gifla avec force.

"Tu n'as pas le droit de me faire ça ! Tu entends ?! Pas le droit !"

Elle fut surprise d'entendre sa voix fuser ne souffrant d'aucun tremblements, pourtant, elle pleurait toute l'eau qu'elle avait dans le corps ... Un silence tomba sur la pièce, silence qui ne fut troublée que par les pleurs de Zoé et de Lewellyn. Prenant soudainement conscience de ce qu'elle venait de faire, Zoé se laissa à son tour tomber à genoux en éclatant en sanglots. Ecartant les mains de Lewellyn qui agrippait son pantalon, elle crispa ses doigts sur son tee-shirt.

"Pardon ! Excuse moi ! Je ne voulais pas !"

En proie à une véritable crise de larmes, elle laissa aller son front contre le torse de l'homme qu'elle aimait, refusant toujours de le lâcher.

"Tout est de ma faute ... Pardon ... "

Elle repensa à tout ce qu'elle avait enduré depuis ce terrible moment dans les bois. L'amitié brisée avec Sheyffi, le regard protecteur mais rageur de Damien ... cette espèce de mise au point où elle était restée enfermée derrière un mur infranchissable pendant qu'il partageait un adieu poignant avec la belle rousse de son coeur. Sa place n'était pas ici, elle n'était pas celle dont il avait besoin. Elle n'avait ni le cran ni la poigne de Sheyffi. Elle ne serait qu'un boulet du début à la fin.

Depuis que Zoé avait entamé ses études dans le domaine de la médecine, du scientifique, la jeune femme avait toujours détesté se retrouver face à un problème dont elle ne connaissait pas la solution. Devant les livres, il avait été plus facile de gérer ce refus de perdre en continuant de chercher, encore et encore avant de finir par trouver le résultat. Mais dans la réalité, elle s'était déjà retrouvée plusieurs fois face à ce genre de problèmes sans solutions. Elle était une fervente adepte d'Einstein et de sa citation "un problème sans solution est un problème mal posé". La différence entre avant et maintenant, c'était que jusque là, ses problèmes avaient été d'ordre scientifique, tactique ou médicaux ... Là, elle était face à un énoncé sur elle-même. Elle ne connaissait pas la réponse et la question la hantait jour et nuit.

Pourquoi ... nom de Dieu, pourquoi lui pardonnait-elle ?

Elle posa délicatement ses doigts tremblants sur les côtés du visage du scientifique et parvint à calmer ses sanglots pour qu'au moins un des deux ait à peu près la tête sur les épaules.

"Nous devons rentrer à la base et soigner tout ça. Je peux savoir ce qu'il t'a pris de te laisser faire ? D'organiser tout ce cirque ?"

Elle le laissa l'enlacer, s'accrocher à elle comme si elle était sa seule balise, la seule raison qu'il avait de vivre. Exactement de la même façon qu'elle s'était accroché à son souvenir, à l'espoir d'une prochaine entrevue qui jetterait les derniers évènements aux oubliettes une bonne fois pour toutes. Ses larmes pour de bon calmée, elle l'attira contre lui, l'aida à se calmer en caressant tendrement sa nuque. Elle savoura cette odeur dont elle avait rêvé de nombreuses fois, ce contact, toujours aussi chaud que dans ses souvenirs et ces battements de coeur affolés.

"Je ne t'abandonnerai pas, Lewel ... je suis venue, non ?"

N'était-ce pas une raison suffisante que d'avoir accepté de ce prêter à ce jeu malsain, que d'être restée dans cette pièce après avoir entendu les paroles d'amour échangées avec Sheyffi ? Leur baiser, tout ça lui avait fait mal. Mais elle était restée. Cela valait autant à ses yeux qu'une déclaration d'amour brûlante et passionnée. Elle comprenait le "désir" de Lewel de la voir se venger, elle ressentait elle aussi le besoin de mettre les pendules à zéro pour récupérer de bonnes bases. Mais ... utiliser la violence ? Sur lui, surtout ?

Elle ferma les yeux.

"Je t'ai haïs. Tellement."

Elle rouvrit les yeux et redressa le visage de Lewellyn.

"Comment croyais-tu que j'allais réagir ? Je n'ai rien compris, ma demande était humaine, normale. Je n'ai aucunement envie d'être dans le rôle de la marionnette dont toi tu tirerais les ficelles. Les triangles amoureux ne marchent jamais. Tu n'avais aucun le droit de m'imposer tes désirs. C'était elle ou moi. C'est toujours comme ça."

Sa voix était douce mais au fur et à mesure de ses paroles, son ton s'affermissait, se faisant dur presque sec.

"Et en réponse à cette réaction humaine, tu essaies de me tuer ?"

Sans tentative d'humour noir, Zoé se dit que les dés étaient définitivement lancés. Les mots se hissaient jusqu'au cerveau de l'autre, glissant entre les larmes et les regrets, les reproches prenaient formes et les aveux étaient douloureusement présents. Pour elle, tout avait toujours été plus facile à enterrer, prendre sur soi, c'était l'histoire de sa vie. Elle n'était pas quelqu'un de passionnant, d'intéressant. Un être fade et raison d'être précise, elle restait discrète et gardait la tête baissée quand tous les autres se hissaient sur le sommet de la montagne. Maintenant qu'on l'avait poussée de force sur le plus grand piédestal du monde, maintenant qu'elle surplombait tout le monde et qu'elle se sentait plus importante que quiconque, la tête lui tournait. Elle n'était pas faite pour vivre une vie sous la lumière du jour. Mais comment pouvait-elle s'en persuadée, dans les bras de l'être qui lui donnait tellement d'importance et de consistance ? Comment, dans l'ordre de la logique qu'elle avait préféré à la vie d'artiste que ses parents lui avait destiné, était-ce possible de se sentir tellement en vie près de lui alors qu'il avait essayé de mettre fin à leurs vies à tous deux ? Elle avait compris qu'elle n'avait pas le choix mais, pour une fois, se laisser aller n'était pas aussi simple. Elle voulait exorciser ses démons, les jeter en pâture, se donner une nouvelle apparence de jeune femme innocente et pure avant de se faire happer toute entière par Lewellyn pour disparaître à son profit.

Elle ne pouvait décemment pas faire de mal à l'homme qu'elle aimait. Se laisser aller à ce jeu de violence, même si la sienne n'était que verbale ? Le laisser s'enfoncer dans tous ses mots blessants et douloureux qu'il avait tant de mal à exprimer ? Bien sûr que non. De toutes façons, elle savait, elle le comprenait ... Tellement bien ... Il avait l'air si mal et jusque là, elle avait été sourde à ses appels à l'aide, aveugle à sa détresse. Elle ne s'était pas trompée, depuis le début, tout était bien de sa faute. Pauvre idiote ...

Elle posa son index sur les lèvres de Lewellyn avant de déposer, tendrement et délicatement, un baiser du bout des lèvres sur le front du scientifique.

"Tout ira bien ..."

Un serment qu'elle pourrait tenir ? Etait-elle à l'abri d'autres tragédies comme celle qui les avait séparé ? Etait-elle en train de mettre sur pied une relation de couple qui les obligerait à s'aimer dans la décadence de l'autre ?

Etait-elle vraiment en train d'essayer de tirer un trait sur ce qui avait ruiné ses dernières semaines ?

Fermant les yeux, elle essayait de prendre part avec ce désir de renaissance en elle, en vain. Le temps n'était pas encore venu, le passé était trop proche de ce moment où il avait été présent. Elle était piégée ... mais elle ne laisserait personne souffrir avec elle. Surtout pas celui qu'elle aimait.

Un autre baiser fut déposé sur la pommette de Lewellyn, sur sa joue saine, pour sceller cette promesse.

Zoé resta agenouillée par terre, suivant des yeux les mouvements de Lewellyn. Elle était un peu abasourdie de le voir agir comme si ... comme si tout était normal, en fait. Se rendait-il compte de ce qu'il se passait ? De ce qu'il avait fait ? Elle frissonna en voyant le visage en sang du scientifique. Aucun doute possible, oui, il devait avoir conscience de ce qui s'était déroulé ... Mais pourquoi alors ce brusque retour à la normale ? Hébétée, le médecin ne savait pas trop comment réagir. Elle le regarda monter à l'étage et l'entendit parler sans réellement chercher à saisir les mots qu'il disait. Elle, elle n'était pas si désireuse de revenir vers la normale. Récemment, la norme lui avait été plutôt douloureuse. Devait-elle se sentir coupable d'avoir envie de rester dans cet endroit ? Malgré les consonances douloureuses qu'elle leurs donnait, les vitres sur lesquelles elle avait frappées avaient un certain attrait ... Peut-être que le fait de s'imaginer enfermée avait quelque chose de rassurant.

Zoé ferma les yeux. Comment ça pouvait être rassurant d'être le pantin ? Elle qui avait exigé être libre de ses choix depuis sa plus tendre enfance, elle regrettait maintenant la domination d'autrui ?

Et pour une fois, la réponse vint d'elle-même. Elle n'eut pas besoin de réfléchir. L'évidence était juste là, sous son nez. Et sa triste réalité lui arracha une esquisse de sourire sans joie. Évidemment qu'elle regrettait de ne plus être prisonnière de la boîte de verre dans laquelle Lewellyn l'avait poussée afin de mener à bien ses désirs d'explications ... Il était dans un certain sens, réconfortant de n'avoir qu'une seule chose à penser. "Comment vais-je sortir ?" Il suffisait de regarder où elle en était maintenant qu'elle était de l'autre côté des barreaux. Perdue ... Avoir un but, oui, c'était rassurant. Même si il était aussi simple que le désir d'être libre de faire ce qu'on veut.

Quel serait son but, maintenant ?

La question résonna dans son esprit alors qu'elle se relevait tandis que Lewellyn revenait vers elle, lentement, grimaçant sous la douleur qu'elle n'osait pas imaginer. Lui ? Le remettre sur pied ? Devait-elle encore une fois tout placer sur lui en prenant le risque d'être déçue ? Elle aurait aimé dire que oui, que peu importe, que leur amour serait plus fort, mais elle était trop rationnelle pour faire partie du clan de ceux qui pensaient que même s'ils n'étaient pas morts, la passion de Roméo et Juliette aurait duré. D'une logique froide, Zoé affirmait que rien que par sa nature, la passion était éphémère. Tant mieux pour Roméo et Juliette qui étaient morts lors de l'apogée de leur histoire. Se voir dépérir et regarder le feu qui vous consume s'éteindre n'était pas un destin plus appréciable que la mort ...

Alors quoi d'autre ? Son travail ? Encore une fois, devait-elle se regarder se noyer dans le boulot et disparaître derrière ses bouquins poussiéreux ? Non, elle était humaine, elle méritait une existence digne de ce nom. Le SGC avait beau lui avoir offert le boulot du siècle, qui sait, peut-être même du millénaire, elle avait aussi envie d'échapper, parfois, à l'ambiance grisâtre et trop ordonnée de la base.

Est-ce que ça ne pouvait pas être simplement avancer ? Jongler chaque jour entre la vie professionnelle et la vie privée ? La routine avait quelque chose d'attrayant, en ce moment. Même si la routine de Zoé n'était pas comme celle de n'importe quel médecin. La Porte des Etoiles, les Goa'ulds ... Lewellyn. La jeune femme avait toujours prôné l'évolution, qu'elle soit négative ou positive. Stagner faisait partie de ses pires cauchemars. On s'approche tellement mieux du lendemain quand on a le regard au delà de l'horizon.

« Veux-tu que je t'appelle un taxi ? Je... je suppose que tu préfères rentrer seule... Le mien ne va sans doute plus tarder... À moins que tu ne veuilles partager le mien... »

Un léger sourire naquit sur les lèvres fines de Zoé. Elle ne se sentait soudainement plus si éloignée de ce désir de renaissance qu'elle avait cherché à saisir à pleines mains quelques instants plus tôt. Elle avait l'impression d'être quelque part entre la fin et un nouveau début et se sentait un peu comme tous les matins où elle avait la chance de pouvoir regarder le soleil se lever. A un moment bien précis, on se posait toujours la question : "Fait-il jour ou nuit ? Le soleil est bien présent mais il fait encore froid et sombre, comme en pleine nuit" ... Et bien, elle était là, exactement. Elle ne savait pas si ce qu'elle allait trouver au détour du chemin en valait la peine ou pas mais ... comment le savoir sans aller voir ?

Elle prendrait le risque.

Attrapant le bras de Lewellyn qu'elle cala contre elle pour soutenir de son mieux l'homme qui la dépassait largement, elle leva les yeux vers lui.

"Partons ensemble. Je ne te lâche pas jusqu'à ce que j'ai soigné toutes ces blessures."

Elle comprit la tentative d'humour de Lewellyn et y répondit par un petit sourire amusé. Il était seulement à demi amusé, parce qu'elle était trop inquiète pour se réjouir de cette blague censée détendre l'atmosphère. Le pas de Lewellyn était traînant et sa joue, en sang. Elle devait lui prodiguer des soins au plus vite. Ils seront capable de mettre entre parenthèse l'éventualité même de leur couple le temps qu'elle retape le scientifique. Elle l'accompagna pour qu'il récupère ses affaires, le gardant à l'oeil, constamment, déjà dans l'optique de l'examen qu'elle lui ferait subir afin de vérifier l'étendue des dégâts. Un geste de sa part attira cependant son attention. Les sourcils froncés, elle le regarda ranger des DVD dans des pochettes. Elle s'apprêta à poser la question qu'il s'attendait sûrement à l'entendre demander. Il la fit taire en posant doucement son index sur ses lèvres. Zoé ne détacha pas son regard de celui de Lewellyn, savourant les promesses qu'il n'avait peut-être pas conscience de lui faire à travers ce geste. Pour elle, c'était un "n'en parlons pas maintenant. Plus tard." Plus tard. Plus tard, ça veut dire qu'il y aura d'autres moments où ils pourront en parler. Ils n'étaient pas morts et peu à peu, l'idée qu'ils puissent former un couple, tous les deux, rien qu'eux, revenait à la vie.

Lorsqu'elle accepta enfin cette idée et que la vague de bonheur qui la submergea la ramena à la réalité, elle attendait, près d'un arbre, avec Lewellyn, l'arrivée de leur taxi. Elle se dégagea doucement de l'étreinte du scientifique, se plaçant face à lui. Elle leva la main vers son visage et caressa son front en regardant la plaie sur sa joue, inquiète.

"Dès qu'on arrive au SGC, tu m'accompagnes à l'infirmerie, d'accord ?"

Mais elle n'obtint aucun réponse, le contact visuel avec le scientifique ayant été rompu.

"Lewellyn ?"

Pendant un bref instant, ce n'était plus de l'interrogation qu'elle ressentait mais du plaisir à prononcer une nouvelle fois le prénom de son supérieur hiérarchique ... Mais la seconde qui suivit, elle regardait elle aussi vers le point que fixait le scientifique avec insistance. Au fond, elle aperçu un jeune homme. Plissant les yeux, elle reconnut alors la dernière personne conviée à la mise au point de Lewellyn. Écarquillant les yeux, elle reporta son regard sur ce dernier craignant qu'il ne soit de nouveau atteint par un éclair de folie quelconque, le même qui l'avait poussé à se laisser tabasser par Daving et Damien.

"Non, tu m'entends ? On rentre."

Elle espérait avoir été assez claire et autoritaire pour qu'il ne s'échappe pas afin d'aller s'excuser.

Il était curieux comme la vie continuait malgré ce qui pouvait se passer ailleurs. À quelques mètres de lui, dans un bâtiment voisin, un homme était accroupis au sol, abattu par le mauvais traitement des autre et pourtant ici, dehors, la vie continuait normalement. Les voitures roulaient non loin de la, les amoureux ignoraient le monde alors qu'Anhim lui restait entre les deux réalités. Il avait laissé Lewellyn et Zoé en espérant bien faire, mais ne les avaient pas oublié.

Le temps commençait à se faire un peu long, d'après ce qu'il imaginait, le chapitre entre Zoé et le scientifique était le plus long, était-ce une bonne chose ou non?

Enfin il vit l'homme sortir du bâtiment, accompagnée de celle qui avait t dernière en ligne. L'archéologue était heureux de les voire ensemble, car de toute évidence ils ne se voulaient aucun mal. Les deux parlaient ensemble, et cela soulageait la conscience du jeune homme, après tous les coup que cet homme c'était prit il méritait plus que n'importe qui un peu de compassion. Au fond, c'est comme dans les cinémas, le héro fait fasse à ses ennemis et part avec la fille.

Il remarqua alors que le couple l'avait remarqué. Mince... il aurait fallut aller plus loin. Les deux regards étaient posé sur lui et malgré la distance il vit que les deux n'étaient plus à l'aise. Loin de lui l'idée de ruiner le moment de bonheur relatif que devait vivre le couple en cet instant, il se releva en passant d'un regard rapide les lieux et puis fit face aux deux. Il inclina sa tête un sourire au visage et puis se retourna les mains dans les poches. Sans jeter un nouveau regard derrière lui il s'éloigna à pied d'une des pires expériences qu'il aie vécu, et encore il ne pouvait pas se plaindre. Il avait encore beaucoup de questions, mais le moment n'était pas propice, au lieu il erra sous les parfums environnant.

Zoé était comme absente, ailleurs, elle n'avait pas la capacité de se demander qu'elle était la réaction de Lewellyn face à son apparente distraction. Tout cela lui semblait tellement irréel. Et se rendre compte que Lewellyn avait tout prévu, jusqu'au moindre détails ne rendait pas les évènements plus faciles à réaliser. Le trajet en taxi se déroula sans que Zoé n'ouvre la bouche une seule fois. Sa main posé sur le bras de Lewellyn et son regard perdu sur le paysage qui défilait par la fenêtre, elle aurait aimé mettre à profit ces minutes rien qu'à elle pour tenter de mettre de l'ordre dans son esprit. Le seul souci c'était que, justement, son esprit ne semblait pas avoir de besoin d'être réorganisé puisqu'il n'avait pas l'air d'avoir emmagasiné ce qu'il s'était passé … Les informations fuyaient les idées de Zoé et plusieurs fois, elle dût tourner la tête vers Lewellyn pour vérifier s'il était vraiment blessé -ou tout simplement assis près d'elle- pour se persuader qu'elle était bel et bien éveillée.

Le SGC se dressait devant eux alors qu'elle aidait Lewellyn à marcher vers l'infirmerie. Plusieurs soldats les regardèrent étonnés mais ils ne croisèrent pas d'officier à qui ils auraient dû expliquer l'état actuel du scientifique. Cela ne saurait tarder … Machinalement, elle mena ce dernier jusqu'à l'infirmerie. Ce n'est qu'une fois qu'elle ouvrit la porte et qu'elle l'aida à s'installer que la vérité des moments qui venaient de passer l'atteignit en plein fouet.

Le réveil fut violent.


C'est de la confiance que naît la trahison ...