Samedi 28 août 2010 - 9h22

Suzanne venait de se faire déposer devant le petit aérodrome de Figeac avec pour seule indication du chauffeur qu’on lui avait dit de dire à la jeune femme d’entrer et d’attendre devant les portes du hangar numéro un. Le message passé et le bagage déchargé, le taxi parti sans rien demander pour la course, tout semblait bien organisé jusque la sauf qu’il n’y avait pas âme qui vive et que les portes du fameux hangar lieu du rendez-vous étaient verrouillées.
Un silence pesant régnait et la légère brise fraiche qui précédait l’air chaud d’une longue et belle journée d’été avait au moins le don de faire l’animation. Après six minutes dans ce calme inhabituel pour un endroit qui devait être bruyant sans doute plus tard dans la journée, un bruit sec et régulier se fit entendre au loin et déjà un point noir était en approche, c’était un hélicoptère qui vint se poser sur la piste à environ quinze mètres face à Suzanne.

Spoiler:

Le souffle des pales était impressionnant ainsi que le bruit du rotor et que dire du pilote dans sa combinaison en tissu noir et qui mit pied à terre pour s’avancer vers la scientifique, le casque noir toujours sur la tête, la visière teintée à peine entrouverte pour faire entendre un minimum sa voix masculine dans ce concerto pour moteur en ré mineur.

"Baissez-vous s'il vous plait et suivez-moi !"

Le type retourna à l’engin volant identifié pour ouvrir la porte latérale arrière et faire signe du bras à sa passagère pour qu'elle monte à bord et retrouve le calme dès la porte refermée.

Spoiler:

Sur un des sièges était posée une grande enveloppe kraft avec un très solennel -A l’attention de Mademoiselle Rigel-
A l’intérieur, il y avait des informations sur le vol mais rien de concret sur la mission, en tout cas au moins elle savait qu’il y avait un mini bar dans lequel elle pouvait se servir librement (en sachant que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé) et faire ce quelle voulait des revues féminines posées sur un des sièges pendant la petite heure de vol en direction de l’aéroport de Montpellier-Méditerranée. Un début d'information qui avait de quoi faire se poser encore un tas de questions !

L’hélicoptère décolla aussitôt que le pilote fut de retour aux commandes et qu’il s’était assuré que la jeune femme était prête en tournant simplement sa tête casquée vers l'arrière de l'appareil, le type qui tenait le manche était positionné sur le siège avant droit et ne se montrait pas très causant sauf pour parler tout seul ou tout du moins donner des informations par radio au contrôle aérien.

Environ trois quarts d’heure plus tard, l’engin se posait sur la partie héliport du complexe aéroportuaire de Montpellier, le pilote descendit le premier alors que les pales tournaient de moins en moins vite pour finir par s’arrêter, ce dernier vint ouvrir la porte latérale pour inviter Suzanne à descendre sous un soleil radieux et déjà une température bien chaude. Dès sa passagère sur le tarmac, le type porta ses mains sur son casque, ainsi ce mystérieux inconnu allait enfin dévoiler son visage à moins que cela n’aide pas la scientifique, les pilotes d’hélicoptères en France ne se comptaient pas sur les doigts d’une main alors il était probable qu’elle ne le connaisse pas et qu’elle reste dans le flou...

Quand elle vit l'aérodrome se dessinait à l'horizon, elle eut comme un mauvais pressentiment. Et qui se confirma quand le taxi s'arrêta devant. Il lui indiqua où est ce qu'elle devait attendre, tout en déchargeant son sac. Suzanne sortit lentement de l'engin, en s'adressant au chauffeur :

« Vous êtes sûr ? L'aérodrome ? … On peut continuer en taxi sinon ! …  »

Tout ce qui volait n'inspirait guère Suzanne à vrai dire. Mais à priori, elle n'avait pas d'autre choix que de suivre les indications et elle ne voulait pas insister davantage, le chauffeur ayant été très agréable jusqu'à présent. Elle le remercia d'ailleurs pour sa course, et se dirigea ensuite prudemment vers ce fameux hangar, dans le silence le plus total.
Les portes étaient verrouillées, personne dans les environs … Pas très rassurant. Elle jetait des regards un peu partout, à la recherche d'un signe de vie quelconque, mais rien. Jusqu'à ce qu'un bruit lui fasse lever les yeux au ciel, et apercevoir … un hélicoptère.
Et bien qu'elle ait espéré jusqu'au bout que l'engin ne lui soit pas destiné, quand elle le vit se poser juste devant elle, et le pilote s'approcher d'elle ensuite, il n'eut plus vraiment de doutes possibles. L'hélicoptère était impressionnant, … Et lui rappela celui qui était apparu au SGC, Noël dernier. Elle acquiesça d'un simple signe de la tête à l'individu qui lui avait demandé de le suivre. Et elle ne se fit pas prier, elle se baissa comme demandé, et suivit le mouvement en collant sa main sur ses cheveux qui volaient dans tous les sens.

Une fois à bord elle s'assit sur le premier siège devant elle, posa son sac sur ses genoux, puis resta immobile, ne se sentant pas réellement à l'aise. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle l'avait suivi, et qu'elle était à présent à bord d'un engin volant... qui n'allait pas tarder à quitter la terre ferme d'ailleurs.
À côté d'elle, une enveloppe qui lui était destinée. Elle la saisit d'une main, et la ramena sur son sac, où elle l'ouvrit. Un mini-bar, des revues, une heure de vol vers Montpellier … Le pilote remonta dans l'appareil, et Suzanne leva la tête aussitôt vers lui, laissant retomber la lettre pour venir s'agripper fermement à l'accoudoir. Les battements de son cœur s'accéléraient, tout comme sa respiration.
*Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir ...*

Quand elle sentit l'appareil bouger, elle ferma directement les yeux, recroquevillée dans son siège, à fredonner n'importe quelle chanson qui lui passait par la tête, avec en fond la voix du pilote qui parlait à la radio. Elle resta ainsi jusqu'à ce que l'hélicoptère ait atteint l'altitude désirée. À ce moment là, elle osa ouvrir un œil puis l'autre, sans pour autant lâcher ses accoudoirs. Le pilote était toujours là ce qui, bien qu'élémentaire, rassura la scientifique. Elle tourna ensuite très brièvement la tête vers la fenêtre, et put en effet constater qu'ils n'avaient plus pied à terre...
La vue était magnifique, Suzanne ne pouvait le nier. Mais elle restait clouée dans son siège quand même. La hauteur, ça n'avait jamais été son truc, et elle ne saurait dire pourquoi !

Cela dit, au bout d'une trentaine de minutes, elle commença à se détendre. Elle avait passé près d'une demie-heure à tourné et retourné cette mission spéciale dans sa tête. La scientifique n'en savait pas plus que ce qu'elle avait pu lire dans la première lettre au final, ce qui l'intriguait davantage. Elle était dans un hélico, et elle ne savait pas pourquoi... Quoi de plus normal ? Son regard s'était ensuite attardé sur le pilote de dos, en face d'elle. Pas très bavard comparé au chauffeur de taxi. Mais bon, elle ne lui reprocherait rien tant qu'il maintenait l'engin à l'endroit.

La mission mise de côté quelques instants, elle ne pouvait s'empêcher de penser à Laurent. Quelques jours plus tôt, elle avait espéré passer la journée avec lui. Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas croisé et il lui manquait. Elle s'en voulait de ressentir ça vu leur situation professionnelle, ce n'était pas du tout conseillé. En même temps, mieux valait peut-être pas qu'elle le revoit, lui résister s'avérait être de moins en moins simple.

Cinq minutes avant d'arriver à destination, Suzanne se surprit à regarder par la fenêtre plus de trois secondes sans être totalement tétanisée. Il y avait du progrès ! Elle regretta même de pouvoir partager l'évènement avec personne. Cela dit vu la pression exercée sur ses accoudoirs, mieux valait que ce ne soit pas le bras d'un voisin.

Puis vint le moment de la descente, là Suzanne reprit la même position qu'au début jusqu'à ce que l'engin touche le sol. Elle put alors expirer longuement et tranquillement. Le pilote vint lui ouvrir, et la scientifique s'empressa de descendre. Un peu trop rapidement peut-être, elle faillit s'étaler de tout son long et percuter l'inconnu, ses jambes légèrement engourdies, ne la portant plus. Mais elle se rattrapa de justesse, et suivit le pilote, un fin sourire aux lèvres après avoir constaté la chaleur qui régnait à Montpellier. Cela changeait de l'air confiné du SGC.

Il porta alors ses mains à son casque, dans le but visiblement de le retirer. Suzanne fut ravie du geste d'ailleurs, souhaitant connaître le visage de l'homme qui l'avait déposé à bon port. Évidemment, elle était certaine de ne pas le connaître, à moins qu'Indiana Jones ait fait le déplacement juste pour elle. Il n'y avait que lui qu'elle "connaissait" qui savait piloter un truc pareil.

Samedi 28 août 2010 – 10h17

Laurent était loin de s’imaginer que voler n’était pas le truc de Suzanne, en tout cas il s’en aperçu vraiment quand elle mit les pieds à terre et que c’était autre chose qui allait suivre s’il ne l’avait retenu alors il pensa que ce n’était pas si mal qu’elle s’habitue aux engins volants car il se pouvait qu’au cours d’une mission elle se retrouve à bord d’un vaisseau goa’uld et il valait mieux qu’elle y soit préparée, bref du deux en un ce week-end au bord de la méditerranée.

Comme il en avait les mouvements, son casque se souleva pour laisser apparaitre le sourire d’un grand enfant fier de sa bêtise puis le reste du visage fut visible, maintenant Suzanne savait à qui elle avait à faire mais était-il la pour la mission ou juste pour la transporter ?

« Mademoiselle Rigel… Est-ce que ça va mieux ? Quelque chose me dit que tu n’aimes pas quitter notre bon vieux sol, je pensais qu’à force de passer par tu sais quoi tu serais vaccinée contre ce genre de sensations »

Pendant que la scientifique se remettait de ses émotions et analysait la situation et ses dires, Laurent posait son casque par terre et enlevait sa combinaison noire faite d’une seule pièce, à commencer par le haut pour ensuite pouvoir enlever le tout par les pieds. Il était quasiment certain que Suzanne n’avait jamais vu le militaire de cette façon, tennis blanches, jean bleu et tee-shirt blanc. Bref un look décontracté qui changeait de celui du SGC mais il n’y avait pas de temps à perdre alors Laurent, tout en écoutant et en regardant sa belle, ouvra la porte avant pour en sortir son sac de voyage qu’il avait posé sur le siège passager puis s’occupa de récupérer celui de Suzanne avant de fermer toutes les portes et de confier les clés à un gars de l’aéroport pour qu’il s’occupe de l’engin.

Le militaire allait pouvoir répondre aux questions tout en proposant d’avancer en même temps vers les installations de la zone grand public, évidement il portait les sacs, Suzanne n’avait juste qu’à se concentrer pour mettre un pied devant l’autre et discuter pour espérer éclaircir certains points.

Vu le début de cette journée, Suzanne s'attendait à tout. Il était 10 heures passés, elle avait quitté le SGC le matin même, alors que la veille elle n'en avait nullement l'intention et pris un hélicoptère en direction de Montpellier pour y accomplir une soit-disant mission spéciale. Oui, elle s'attendait donc à tout. Sauf peut-être à trouver Laurent sous le casque du pilote. Non, ça en effet elle ne l'avait pas envisagé une seule seconde. La surprise fut donc de taille !

Le casque se soulevait, laissant apparaître un sourire franc, puis un nez, puis des yeux …

« Laurent !?! »

Elle avait lâché son nom spontanément à demie voix, plus pour se convaincre elle-même que c'était bien lui, qu'autre chose. Son cœur s'était emballé d'un coup, et un sourire s'était dessiné sur ses lèvres presque immédiatement, sans qu'elle n'y prête attention. Non, ce n'était pas possible …
Ses yeux ne lâchaient plus ceux de Laurent. Suzanne avait l'impression d'être retournée dans l'hélicoptère et d'avoir décollé de nouveau.

À sa question, elle avait d'abord répondu d'un simple signe de la tête, n'arrivant même plus à aligner deux mots. Ah oui, pour aller mieux, ça allait mieux … Il s'occupa de sa combinaison ensuite, et la scientifique put alors tenter d'ouvrir la bouche.

« Je … C'est vrai que je préfère garder les pieds sur Terre ... »

Phrase qui pouvait la faire sourire d'ailleurs, elle était loin d'avoir les pieds sur Terre depuis quelques secondes.

« Mais c'était une première, l'hélicoptère … Impressionnant ! J'ignorais que tu savais conduire ce … genre de monstre ! Tu ne t'es donc pas juste contenté de regarder les épisodes de Super … co... pter ... »

La fin de sa phrase se finit pratiquement en murmure. Le militaire avait troqué son uniforme, contre un jean et t-shirt blanc … Certes l'uniforme du SGC avait son charme, mais le look décontracté lui allait tout simplement à merveille. Et c'était d'ailleurs la première fois qu'elle le voyait ainsi … Elle en avait perdu ses mots, et sa tête par la même occasion.

Il récupéra les sacs, et Suzanne le suivit ensuite vers la prochaine destination, qui d'ailleurs lui était encore inconnue. Mais ce n'était pas la question qui lui trottait dans la tête à ce moment là :

« Mais dîtes moi James Bond, qu'est ce que vous faîtes là au fait ? Tu viens souvent faire un petit tour à Montpellier ? … »

Elle hésita quelques secondes à lui parler de la mission. Ça lui semblait bizarre d'un coup. Pourquoi est ce qu'on ne lui avait pas mentionné le nom de Laurent ? Y avait-il une raison ou est ce que tout simplement, il s'agissait juste d'un coup monté ? … L'idée lui traversa l'esprit mais elle ne lui en parla pas pour autant, de peur de paraître ridicule. Puis peut-être que sa réponse éclaircirait ces questions …

Le fait que Suzanne ne maitrise rien à la situation était assez amusant pour Laurent qui la voyait complètement déboussolée, bien plus que ce qu’il avait pu en voir lors des missions où elle devait faire en sorte de se montrer forte, la vraie Suzanne comme il l’aimait le plus était près de lui et cette fois hors de la base pour échapper à son règlement strict.

Tout était réuni pour que ce soit une belle journée, l’hélicoptère et le soleil… Ah oui et bien sûr Suzanne avant tout ! Il devait faire au moins dans les vingt cinq degrés et le léger vent qui soufflait n’était pas pour déplaire au militaire qui voyait un temps idéal pour la mission que la scientifique et lui allaient remplir.

Evidement, la jeune femme ne pouvait être que curieuse pour comprendre ce qui lui arrivait et cela amusait encore plus l’andouille qui savourait l’instant, tournant le plus possible la tête pour la regarder pendant qu’il avançait et qu’il lui répondit :

« Pilote Suzanne… Pilote et non conducteur m’enfin ! »

Le dernier mot pouvait rappeler Gaston Lagaffe sauf que les rôles étaient inversés, le gaffeur était en version féminine et Mademoiselle Jeanne en version masculine.

« Je ne sais pas si je dois te dire le but de ta mission, ce serait dommage de devoir te tuer ensuite… »

Le visage du militaire ne traduisait rien de sérieux dans ses propos, le chat continuait à jouer avec sa mignonne petite souris mais ne devait pas non plus trop insister pour ne pas l’énerver.

« Sérieusement ? Le Général et tes collègues s’inquiétaient de te voir squatter les laboratoires alors vas savoir pourquoi ils m’ont demandé, comme par hasard, de te faire passer le week-end complet hors du SGC… En tout cas je préfère que ce soit moi plutôt qu’un autre ! Voila ta mission, prendre du bon temps sans penser au boulot et pour ça tu as le droit à un chauffeur et un gentil organisateur, du deux en un… Moi ! »

Ils arrivaient devant la porte ouverte du bâtiment où une personne attendait derrière son comptoir pour faire signer de la paperasse à Laurent et lui remettre une enveloppe avant qu’il ne se tourne vers Suzanne pour lui demander :

« On va passer déposer nos bagages à l’hôtel et ensuite que dirais-tu d’aller te baigner à la mer pour récupérer de tes émotions ? Si tu n’y tiens pas, on peut aller faire un tour en ville à moins que tu ais une meilleure idée car je ne connais pas trop le coin »

L’organisation militaire avait du bon car Laurent avait tout préparé à l’avance, heureusement pour lui que la belle n’avait pas eu peur de se lancer dans cette aventure, ce qui pouvait aussi être inquiétant car si le militaire avait réussi, n’importe qui pourrait aussi l’abuser. Le plus drôle était de s’imaginer et espérer qu’elle avait peut être cherché Laurent pour lui demandé conseil mais qu’elle ne risquait pas de l’avoir trouvé et pour cause.

C’était accoudé de côté au comptoir qu’il souriait discrètement à la scientifique en attendant une réponse et aussi d’en avoir terminé avec les formalités, il aurait été gênant que le type derrière le comptoir prenne ces marques amicales pour lui. En face de la porte empruntée quelques minutes avant, une grande baie vitrée les séparaient d’un petit parking où les carrosseries brillaient sous les rayons du soleil.

La scientifique suivait de près son pilote, et non conducteur donc, ce n'était pas le moment de se perdre. Et puis pourquoi elle voudrait s'éloigner de Laurent ? Question idiote. À ses remarques, elle ne put s'empêcher de rire, d'autant qu'il n'avait pas gardé son sérieux une seule seconde. Mais impatiente d'en savoir plus, elle s'était empressée d'ajouter :

« Ah serait-ce des menaces James ? Attention, j'ai de quoi me défendre, je suis venue avec mon armada de produits chimiques pour pantalon !
Non sérieusement qu'est ce que c'est cette mission et qu'est ce que tu fais là surtout ?! »

Il lui confia alors que ses collègues et le Général s'inquiétaient pour elle, ce qui fit d'abord froncer les sourcils de Suzanne, ne comprenant pas ce qu'ils avaient à voir là dedans. Laurent en arriva alors enfin au but de cette mission, et les yeux de la scientifique s'arrondirent aussitôt, avant de s'exclamer :

« Je n'y crois pas ! C'est toi qui a tout organisé depuis le début ? Les lettres, et puis … l'alarme ?! Et moi je me suis fait avoir comme un bleu ! … Wahoo »

Elle avait le visage tourné vers Laurent, se repassant en tête les évènements de la matinée qu'elle devait tout compte fait, à cet homme. Elle n'en revenait toujours pas. Une fois à l'intérieur du bâtiment, Suzanne se tint un peu en retrait du comptoir, laissant Laurent régler tous ces papiers. Entre temps, il lui fit part du programme qu'il avait envisagé pour la suite, et la scientifique ne put qu'acquiescer :

« C'est la première fois que je mets les pieds à Montpellier, donc je te suis ! Allons piquer une tête, et faire nos touristes ! »

Un week end au soleil avec Laurent, loin de la base. Ce n'est qu'en se répétant ses mots dans sa tête qu'elle réalisa. Ah ça pour une mission … Elle était cela dit un peu anxieuse, c'était la première fois qu'elle se retrouvait seule avec lui. Bien qu'ils se soient retrouvés plusieurs fois à la base hors mission, là le contexte était bien différent.
Mais elle n'arrivait pas à effacer le sourire sur ses lèvres, et ça n'allait pas en s'arrangeant quand elle remarqua l'homme derrière le comptoir. Il n'avait rien de particulier, mais le sourire de Laurent avait l'air de l'intéresser, ou de le préoccuper peu importe.

Elle profita alors que ce dernier ait le dos tourné un peu plus loin, pour s'approcher discrètement de Laurent, se pencher vers lui et chuchoter :

« Tu devrais faire attention à qui tu souris, il va commencer à se poser des questions... »


[HRP : Excuse moi pour le retard ... ]

[HRP : Il n'y a pas de retard, chacun poste quand il peut ]

Bonne chose que Suzanne ne soit pas allergique à l’eau de mer ou tout simplement à se montrer légèrement dévêtue, au moins le duo allait profiter pleinement de ce week-end à la mer et comme Laurent avait reçu carte blanche de la scientifique pour les activités proposées, il planifiait le tout dans sa tête pendant que le guichetier cherchait un dernier papier. D’abord l’hôtel pour se changer puis ce serait direction la plage qui n’était qu’à quelques mètres, mieux valait se baigner avant le déjeuner pour éviter tout prob… Laurent fut interrompu par la discrète approche de Suzanne, mais qu’allait-elle faire, elle n’en pouvait plus de se retenir, elle craquait et venait l’embrasser fougueusement… Non fausse alerte, les fantasmes du militaire dépassaient la réalité, ce n’était que pour lui susurrer quelques mots qui finalement se révélait-être une petite moquerie… Dommage mais dans sa tête ce n’était que partie remise car il était bien décidé à mettre en application ce que Lilote lui avait dit auparavant et qui avait du sens quand on savait le risque encouru à chaque mission.

Du coup, Laurent perdit son sourire pour éviter tout malentendu, sans doute gêné de la situation qui venait de le faire descendre de son petit nuage, une dernière signature sans rictus et la partie administrative était réglée alors il invita sa belle à le suivre vers le parking, lui confiant les clés de voiture avant de reprendre les deux sacs de voyage.

« Nous pouvons y aller, si tu veux bien jouer les ouvreuses pour trouver notre carrosse, il te suffit d’appuyer sur le bouton de la clé pour la faire réagir tel un… Goa’uld ! Je dis ça par rapport aux warning qui clignoteront et rappelleront nos chers amis »

Laurent avait lâché le nom des parasites après avoir vérifié qu’il n’y avait personne autour d’eux, filant vers le cabriolet au toit fermé qui les attendait pour déposer les sacs à l’arrière et dire :

« Je prends le volant au moins pour aller à l’hôtel, ensuite quand on aura tout notre temps, tu auras le droit de frimer avec ! »

Le militaire retrouvait son sourire maintenant qu’il ne risquait plus d’y avoir de confusion, il ne lui restait plus qu’à prendre la direction de l’hôtel situé à Palavas les Flots, un bâtiment à la façade en bois et au décor rappelant les iles tropicales, au bord de la route longeant la plage. De nouveau, il porta les sacs jusqu’à la réception pour prendre possession des clés des chambres

« Suzanne, c’est bon, j’ai la clé de notre chambre lit-double… »

Il laissa quelques secondes à la scientifique pour assimiler cette information mais ajouta avant qu’elle ne puisse réagir :

« Je plaisante, tu as le choix entre la 9 ou la 11, elles sont voisines donc je ne serai pas loin si jamais tu as besoin de moi, est-ce que ça te va si je passe te chercher dans dix minutes pour t’emmener à la plage ? »

Ainsi il attendait une réponse devant la porte de la chambre choisie par la scientifique, prêt à lui tendre son sac qui serait bien utile pour se changer.

Après lui avoir confié les clefs, il l'invita à chercher ce qu'elles ouvraient, autrement dit la voiture dans laquelle ils allaient monté. Elle s'immobilisa donc devant le parking, et tout en guettant les warning, elle appuya sur le bouton qui lui fit directement tourné la tête vers un magnifique cabriolet. Surprise, ses yeux revinrent se poser sur Laurent, pour vérifier qu'elle ne rêvait pas et qu'il se dirigeait bien vers cette voiture. Décidément, il ne faisait pas les choses à moitié !

À sa remarque ensuite, elle fut d'abord ravie de voir qu'il avait retrouvé son sourire. Elle s'en était mordue les doigts tout à l'heure devant le guichet, elle aurait mieux fait de se taire.

« Wahoo, mais je vais vraiment finir par croire que tu es Bond ! Manque plus qu'elle sache voler …  »

Puis Suzanne monta à bord, direction l'hôtel. Le décor à l'extérieur changeait radicalement avec leur environnement quotidien. Le soleil, la plage, puis les touristes aussi évidemment … L'hôtel qu'il avait choisi était juste en face de la mer, paradisiaque.

Quand il lui annonça par contre qu'il avait la clé pour la chambre lit-double, son rythme cardiaque grimpa en flèche d'un coup. Elle ne s'attendait pas à ça de sa part, restant immobile à ouvrir lentement la bouche et chercher quoi dire. Mal à l'aise, mais surtout légèrement paniquée, elle n'eut même pas l'idée que ça pouvait être une blague. Pourtant, ça en était bien une puisqu'il lui proposa deux chambres quelques secondes plus tard. Cependant, ça avait eu le temps de faire son chemin dans la tête de Suzanne, qui s'en voulu de l'avoir pris autant au sérieux. Ridicule …
Elle ignorait comment allait se dérouler ce week end, et ça lui faisait peur quelque part, même si elle se sentait parfaitement bien avec lui.

« Parfait ! Je prends la 9 ! »

Elle prit son sac, et entra dans sa chambre, avant de le déposer sur son lit et de s'y assoir à côté, pour permettre à son cœur de reprendre un rythme normal. Elle jeta un bref coup d'œil autour d'elle, puis resta songeuse une à deux minutes, le regard accroché au mur. Laurent occupait tous ses esprits, et elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Un sourire niais avait fini par se dessiner sur ses lèvres. Il avait tout organisé pour elle, elle n'y croyait toujours pas.

Les mots « dix minutes » cela dit lui revinrent en tête, elle bondit du lit pour farfouiller dans son sac, et sortit de quoi se changer. Après avoir attaché ses cheveux à l'aide d'une pince, elle enfila donc son maillot de bain en essayant de se souvenir à quand remontait la dernière fois qu'elle l'avait mis, et troqua son jean contre une jupe, qu'elle enfila par dessus ainsi que son chemisier.

Elle repoussa la porte de sa chambre dans les temps impartis, pour retrouver Laurent, ou du moins se diriger vers sa chambre, serviette à la main telle une parfaite touriste.

Samedi 28 août 2010 - 11 h02

La réaction de Suzanne à sa petite blague en disait long, il était maintenant certain qu’elle n’était pas une fille facile, qu’elle savait ce qu’elle voulait et ce qu’elle ne voulait pas, tout ce que Laurent aimait, au moins c’était quelqu’un de sérieux et responsable dans la vie, sur qui on pouvait compter et avoir confiance. Le militaire se serait sans doute posé pas mal de questions si elle n’avait pas été gênée mais la il était satisfait de ce test involontaire qui se voulait être une plaisanterie, ce avec quoi la scientifique avait du mal et prenait tout au premier degré, ok il était un soldat et on pouvait en avoir une image de coincé ne rigolant jamais mais depuis qu’ils se connaissaient, elle devait quand même savoir qu’il y avait un petit comique sous l’uniforme, tout dépendait de la situation.

Il était maintenant seul dans la chambre numéro onze en pensant à la chance qu’il avait d’être la avec celle qui l’avait fait craqué, néanmoins il ne perdit pas un instant pour troquer ses jean et caleçon contre un short de bain noir, prenant dans son sac de voyage une serviette de plage et un petit sacoche-bandoulière pour y mettre juste les babioles dont il aurait besoin, il termina sa préparation en se passant un peu d’eau sur le visage, non il n’était pas en train de rêver.

Comme il devait avoir un peu d’avance et qu’il ne voulait pas stresser Suzanne en étant prêt trop tôt ou trop ponctuel comme un vautour tournant autour de sa proie, Laurent guetta les bruits de porte à travers la sienne et dès l’instant où sa charmante voisine décolla de sa chambre, il ouvra l’air de rien la porte pour simuler ensuite un hasard extraordinaire :

« Ah Suzanne, ça c’est du bon timing, prête pour le sable chaud ? »

Il n’y avait plus qu’à sortir de l’hôtel et traverser la route pour faire trempette et lézarder avant le déjeuner. Une fois la place idéale trouvée, le militaire sorti sa crème solaire et enleva son tee shirt avant de dire :

« Si tu n’en as pas, il y en a largement pour deux… Si tu veux bien m’en mettre dans le dos je pourrai faire de même pour toi si tu le souhaites »

Laurent était déjà en train de se badigeonner la où i pouvait en espérant l’aide de la jeune femme, pas faute de lui faire une moue suppliante très sur jouée puisqu’il n’arrivait pas à garder son sérieux face au verdict qui n’allait pas tarder à tomber.

Direction le sable chaud ! En chemin, elle en profita pour lui demander comment c'était passé sa dernière mission vu qu'elle n'avait pas pu le voir depuis, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que ce n'était pas vraiment le lieu approprié, toute information confidentielle pouvant tomber dans l'oreille d'un malheureux touriste. Elle embraya donc plutôt sur le petit contre-temps qu'elle avait vécu avec le docteur Hamilton dans l'un des ascenseur de la base, dans lequel ils s'étaient retrouvés coincés tout simplement.

Après avoir choisi leur place, elle attendit l'air de rien que Laurent commence à se déshabiller avant de faire de même, en enlevant son haut. C'est vrai qu'elle avait connu mieux comme situation pour être à l'aise. Elle s'apprêtait à faire de même avec sa jupe quand ce dernier lui proposa sa crème solaire ainsi qu'une aide charitable pour lui en passer dans le dos.

Le coup de la crème solaire. Ça elle ne l'avait pas vu venir ! Elle fut contrainte d'accepter sa première proposition, elle avait oublié la sienne. Quant à la seconde idée … Devant son petit numéro, elle ne put refuser, le trouvant terriblement craquant mais se gardant bien de lui dire.


La scientifique prit donc la crème solaire, et se plaça derrière Laurent. Elle n'était pas à l'aise du tout, mais conclut que se serait sûrement pire une fois ses mains sur son dos. Mais elle ne se dégonfla pas, quelqu'un qui avait déjà côtoyé des Jaffas et autres types du genre, devrait être capable logiquement de badigeonner le dos de n'importe qui. Sauf que ce n'était pas n'importe qui.

Elle pressa donc le tube de crème dans le haut du dos du militaire, seulement il en sortit bien plus que nécessaire. Ses yeux s'arrondirent, constatant qu'elle venait de faire une boulette. Mais pas de panique, elle allait remédier à la situation … Elle commença donc à étaler la crème mais dû vite réprimer un rire. Cette tâche blanche grossissait à vue d'œil, et ne semblait pas vouloir disparaître. Suzanne elle, s'acharnait tout en se mordant la langue pour ne pas partir en fou rire. Le dos de Laurent était maintenant uniformément … blanc de chez blanc. Elle retira ses mains badigeonnées elles aussi pour l'occasion, admira son chef d'œuvre muette, jusqu'à ne plus pouvoir se contenir, et éclata de rire.

« Ne bouge surtout pas, c'est un massacre ... »

Elle se rapprocha de nouveau pour tenter d'atténuer sérieusement cette couche de peinture, tout en commentant ces gestes « Olala, c'est de pire en pire … », ou encore « Une fois dans l'eau, tu ne ressors plus d'accord ? ... ».
Puis au bout d'un moment, après avoir jugé la couleur du dos de Laurent acceptable, elle vint se placer devant lui, avec un visage d'une gamine qui essaie d'empêcher de rire de sa bêtise.

« La bonne nouvelle, c'est que tu ne prendras pas de coup de soleil … La mauvaise, c'est qu'il va falloir que tu prennes quatre ou cinq douches ! »

Son regard se posa ensuite sur ses mains couvertes de crème, avant d'essuyer un de ses doigts sur le nez de Laurent.

« Tiens, tu en avais oublié là »

Ce petit incident l'avait visiblement bien détendu pour qu'elle ose un geste pareil. Elle essuya ses mains ensuite sur ses jambes et en profita pour enlever sa jupe, se retrouvant donc en maillot deux pièces vert kaki. Une fois ceci fait, elle tendit le tube de crème au militaire, et fit volte-face après lui avoir dit ces mots :

« À ton tour ! Voyons si tu te débrouille mieux …  »

Parler du temps ou du paysage et des souvenirs auxquels il leur faisait penser était pour l’instant les quelques mots échangés en attendant d’être installé sur la plage, une fois fait, Laurent attaquait d’entrée avec la crème solaire mais la réplique ne tarda pas avec un attentat à la protection solaire, vu le temps que mettait Suzanne à l’étaler et connaissant son aptitude aux gaffes, elle devait avoir été généreuse dans sa façon d’appuyer sur le tube, c’était déjà un miracle qu’une giclée ne lui soit pas arrivée sur la tête pour venir lui dégouliner sur le front alors il ne dit rien pour ne pas la vexer.

D’ailleurs, elle ne manqua pas d’annoncer la couleur et il était heureux qu’elle soit scientifique plutôt que médecin car il imaginait bien sa façon de dire les mauvaises nouvelles à ses patients ou à leurs familles. Ce n’était que de la crème donc la situation était comique et même sans pouvoir y jeter un œil, le militaire plus qu’en civil s’en amusait et appréciait que Suzanne s’acharne sur son dos, ses mains douces ou plutôt glissantes était très agréables.

« Pas de problème, ce n’est que de la crème… C’est moins dangereux que l’acide ou une bonne boule de plasma bien chaud ! »

Comme sa masseuse avait pu ne pas s’en rendre compte car tout était normal, la peau du dos de Laurent aurait dû avoir des marques de brulure laissée par le tir de lance d’un Jaffa qui n’était pas d’accord pour le laisser rentré sur Terre, c’était sa première mission avec celle qui était à ses côté en cette belle journée alors peut être avait-elle oublié ou ne voulait pas aborder ce sujet qui était du domaine du secret-défense. Il fallait dire aussi que le pilote n’avait pas voulu l’affolée en lui disant qu’il avait servi de cobaye pour tester la pommade miracle car cela passait par le charcuter de nouveau à l’endroit de son horrible blessure cicatrisée afin d’en voir le résultat qui pourrait être une solution extraordinaire pour une utilisation dans le domaine civil avec l’impact humain et aussi financier pour justifier que le projet continu.

Suzanne avait enfin terminé son lourd travail de maçonnerie et rien qu’à voir sa tête quand elle vint se mettre face à Laurent, il était fort à parier qu’il ne passerait pas inaperçu et cela était confirmé par les dires de la jeune femme.

« Ou alors une ou deux si j’ai quelqu’un pour me frotter le dos histoire de rattraper sa grosse bêtise… Hey !!! »

A force de provoquer en ayant ce qui pouvait paraitre être des idées osées, enfin si elle prenait tout au premier degré sans penser aux douches de plage, le militaire ne pu clarifier sa pensée car il venait d’être touché au nez par un des doigts crémeux de Suzanne, répondant par une simulation de mort en s’étalant en travers de sa serviette, le dos tombant comme par hasard dans le sable car Laurent avait trouvé cette occasion pour masquer la blancheur artificielle par un élément beaucoup plus naturel.

En tout cas, c’est lui maintenant qui allait tester le pouvoir obscure d’un tube de crème solaire, quoiqu’il fallait qu’il se remette du strip-tease offert pour le plus grand plaisir de ses yeux ronds comme ceux d’un enfant face à des sucreries, revenant à la réalité en s’apercevant brusquement qu’on lui tendait quelque chose :

« Ha oui heu ok »

Confus, oh si peu qu’il prit la main avec le tube avant de rendre évidemment le membre à sa propriétaire et de garder le tube en respirant un grand coup et en regardant aux alentours pour se calmer. Une fois en position et après avoir débouché l’objet, il contempla le spectacle quelques secondes avant d’appliquer le contenu en trois touches généreuses comme Suzanne, deux courtes et une longue de façon Nul doute qu’il y avait du jeu dans l’air car il prit soin de bien étaler la crème en laissant une épaisseur supérieur aux endroits de ses applications, si ça marchait, le bronzage allait lui dessiner un beau sourire dans le dos.

« Voila terminé, mission accomplie chef ! »

Sur ce, Laurent se mit à creuser dans le sable entre les deux serviettes puis il sorti un sac plastique de sa sacoche-bandoulière pour l’envelopper puis proposa à Suzanne d’y mettre ses objets de valeur qu’elle ne pourrait emporter dans l’eau. Ensuite il le ferma et le plaça au fond du petit trou pour tout recouvrir et replacer sa serviette dessus, expliquant que si voleur il y avait, ce serait plus compliqué pour lui.

« Allez le premier arrivé dans l’eau ! »

Le militaire se releva brusquement et tel un ado se mit à courir droit vers la mer pour s’y jeter dedans dès qu’il avait de l’eau à hauteur des cuisses en faisant une sorte de vrille pour disparaitre et réapparaitre en regardant vers Suzanne a qui il n’avait pas laissé la moindre chance de gagné.

La scientifique se demanda si elle ne venait pas de dire une bêtise sur le coup, quand elle vit la tête de Laurent. Elle lui tendait juste la crème pourtant, et à moins qu'elle l'ait rêvé il lui avait bien proposé de lui en passer aussi si elle le désirait … Il lui prit la main. Geste involontaire qui eut toutefois l'avantage de faire taire toutes questions. Il finit par se saisir du tube de crème, et Suzanne en profita pour faire volte face immédiatement, craignant que son visage vire pivoine sans s'en rendre compte. Voir le militaire légèrement confus cela dit l'amusa.

Vu sa façon d'étaler cette crème, il y avait fort à parier que Laurent n'est pas attendu bien longtemps pour se venger. Suzanne essayait de comprendre ce que ce Picasso s'amusait à faire dans son dos, mais sans succès.

« Je ne sais pas ce que tu fabriques, mais je sens qu'on va passer un long moment sous la douche … Pour s'enlever tout ça ! »

C'est en se répétant la phrase dans sa tête qu'elle se rendit compte qu'il valait mieux préciser.
Quand il eut terminé, il lui proposa d'enfouir leurs objets de valeur dans le sable. Elle lui confia donc les siens, en constatant encore une fois qu'il avait réellement pensé à tout.
À peine eut-il le temps de lui faire part de la règle pour le jeu suivant, qu'elle le vit cavaler vers la mer avant de s'y jeter de façon acrobatique. À la fois stupéfaite et amusée, Suzanne prit le même chemin en ne le lâchant pas des yeux, tout en écoutant les commentaires d'une petite fille non loin de là, qui venait de lui décerner le prix du plus grand cinglé de la plage.

Quand elle mit les pieds dans l'eau, elle ne put qu'approuver ces dires. Disons que l'air et l'eau n'avaient pas la même température, et pourtant il s'y était jeté sans problème. Elle n'hésita pas cela dit à avancer, et réduire donc la distance qui la séparait de Laurent. Elle finit par marcher sur la pointe des pieds en arrivant à sa hauteur, simple réflexe comme si ça lui permettait de rester hors de l'eau plus longtemps.

« Tricheur ! Enfin plutôt, grand malade … Il y a une petite fille sur la plage qui vous admire monsieur l'acrobate ! »

Elle jeta un œil vers la plage d'ailleurs pour voir par curiosité si la petite l'observait toujours, puis se retourna vers Laurent de nouveau, sans parvenir à rester sérieuse plus d'une seconde.

« Qu'est ce que tu as gagné au fait ? Pour savoir si je dois regretter de ne pas t'avoir fait de croche pied sur le départ ! »

Seul la tête de Laurent sortait de l’eau pour observer sa proie tel un prédateur, qu’elle était mignonne dans son uniforme sexy version plage, il ne la quittait pas du regard en repensant à la phrase de Suzanne à propos de s’enlever le crème sous la douche, tel que c’était dit c’était soit innocent, soit elle entrait dans le jeu du militaire mais au risque d’une incompréhension.

Son entrée dans l’eau était plus que féminine, il était vrai qu’il n’avait jamais vu une femme se jeter à l’eau tel qu’il venait de le faire, non c’était la technique classique du je me mouille petit à petit pour se faire désirer ou pour éviter de se mouiller les cheveux, qu’importe, Laurent était paisible et commençait à faire aller quelques gerbes de ci de la histoire de lui faire craindre un arrosage qui n’arriva pas.

La scientifique était maintenant devant lui et c’était elle qui reprenait la conversation pendant que le grand méchant requin qu’il imitait tournait autour de la sirène :

« Moi, tricheur… Grand malade et acrobate je veux bien mais je ne triche jamais… Enfin presque jamais »

Houlà, la question qu’elle posait ensuite était dangereuse, la petite sirène allait se faire manger tout cru… Mais l’humour joueur et coquin était aussi au rendez-vous car il voyait mal Suzanne capable de faire du mal pour le plaisir d’un petit jeu sans importance, à moins que les Goa’ulds et Jaffas l’aient fait changer à ce point en si peu de temps.

Pour seule réponse, un clin d’œil puis il prit sa respiration et sa tête disparu sous l’eau, laissant la demoiselle bien seule au milieu du mouvement des vagues jusqu’au moment où après l’avoir contournée en ayant prit soin de lui effleurer une cheville, il réapparut debout en la regardant fixement pour lui annoncer :

« Je pense que le pro chevalier a mérité un baiser de la douce princesse… Attends avant je veux te citer une phrase qui est de circonstance vu notre métier et elle m’est restée en tête, la voici : la vie est fort courte et peut s'achever à tout moment, alors pourquoi perdre un temps précieux en craintes stupides ! »

Les choses devenaient très sérieuses rien qu’à voir son regard de braise dévorant la jeune femme, il n’y avait plus aucun doute qu’il se jetait à l’eau, rien de mieux qu’en y étant déjà dedans, au moins il serait fixé sur ce qu’il ressentait en provenance de Suzanne et qui jusque la n’avait pu être confirmé du fait de l’environnement militaire dans lequel ils se retrouvaient fréquemment.
Les dés étaient jetés, c’était la première fois depuis si longtemps qu’il était heureux de tenter de franchir un palier, il avait l’impression de vivre le moment au ralenti comme s’il avait besoin de freiner l’instant présent soit pour profiter pleinement, soit de peur qu’il ne se soit grossièrement trompé et qu’il ne provoque l’irréparable.

« Rappelle moi Suzanne, pourquoi tu as posé cette question ? »

Voilà qu'elle se parlait à elle même, en murmure quand le militaire disparut entièrement sous l'eau après lui avoir fait un clin d'œil. Clin d'œil d'ailleurs qui annonçait le pire. Il avait une idée bien précise derrière la tête.
Il lui tourna autour et Suzanne le suivit des yeux s'attendant à tout instant à se retrouver dans l'eau plus vite que prévu. Mais non, pour seule frayeur elle eut droit à une cheville effleurée qui la fit frissonner.

Puis il réapparut, debout devant elle en la fixant des yeux. Est ce que c'était seulement une sensation ou était-elle réellement en train de se liquéfier de la tête aux pieds ? Il lui fit enfin part de la soit disant récompense qu'il devait recevoir, … Elle avait eu raison de se méfier du clin d'œil. Ce qui la surprit le plus fut la citation finalement. Il avait raison, elle était bien adaptée à leur situation … Et elle était émue qu'il la lui dise maintenant. Décidément, il avait tout pour plaire.

Seulement, il n'était pas question qu'il soit le seul à jouer. Il la menait par le bout du nez, ou presque, depuis le début. Et bien qu'elle mourrait d'envie de se jeter à l'eau, elle opta pour une toute autre manière de lui donner ce qu'il souhaitait. Et tout en réduisant la distance qui les séparait au fur et à mesure en avançant vers lui, elle lui répondit :

« Mais … Preux chevalier … Je ne crains plus rien … à vos côtés »

Elle avait terminé sa phrase à voix basse, et pour cause son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du sien. C'était simple, elle ne voyait que lui. Tout ce qui était autour avait disparu, elle n'entendait plus rien non plus hormis peut-être son cœur qui battait à tout rompre, et encore elle n'y faisait même plus attention. Son visage toujours aussi proche du sien, elle attendit quelques secondes qui semblaient durer une éternité, incapable de savoir si ses jambes la soutiendraient un instant de plus. L'envie de lui céder était grande. Mais elle se ressaisit à temps et mit fin au supplice en lui déposant un baiser délicatement sur la joue.

Elle le regarda une dernière fois, un sourire au coin des lèvres, sous le charme. Puis un clin d'œil. Et elle disparut aussi sous l'eau. Étrangement, elle ne lui semblait plus froide du tout. Un bon moyen de retrouver toute sa tête en fait … Elle refit toutefois surface rapidement, sans pour autant ajouter quoique se soit. Qu'est ce qu'ils étaient supposés dire après ça ?

Laurent restait dubitatif de cette bise sur la joue, pendant quelques secondes il avait vécu quelque chose de fort, croyant jusqu’au dernier instant que c’était le grand jour où il pourrait enfin embrasser la jeune femme qui lui chamboulait la tête… Et bien ça continuait, la torture mentale était atroce tant la déception était grande car ils n’auraient peut être plus de moment à deux comme celui la avant un bout de temps, une fois de retour au SGC, il ne pourrait plus être aussi libre qu’en ce si beau jour estival.

Madame voulait jouer, ça se voyait à son visage, ce sourire en coin, le clin d’œil et son immersion invitait le militaire à ne pas rester planté comme il l’était depuis que les lèvres de Suzanne lui avaient effleurés la joue. Quand elle refit surface, Laurent n’avait pas bougé d’un poil et continuait de l’observer, pourtant intérieurement il se disait qu’il fallait passer à autre chose et ne plus penser à ce qui ressemblait à un râteau alors il se sorti de sa douce torpeur en parlant d’autre chose pour s’occuper la tête et ne plus penser à ce qui venait de se passer :

« Est-ce que ça te dit de faire quelques longueurs entre les bouées de la bas et celles-ci ? »

La distance devait être de cent mètres, la au moins il n’y aurait pas à trouver un sujet de discussion car ce n’était pas l’eau qui l’avait refroidi, ce ne serait pas si mal pour repartir sur de nouvelles bases et réfléchir plus tard à tout ça.

La scientifique jeta un bref regard vers les bouées désignées, à vrai dire elle s'en moquait un peu pour le moment. C'était la tête de Laurent qui la préoccupait, elle était peut-être allée trop loin.
Elle hésita quelques secondes entre la brasse ou une vaine tentative d'excuse. L'avantage de la nage, c'est qu'une fois arrivée aux bouées elle pouvait se laisser couler et ne plus avoir à faire face à Laurent … Peut-être trop radicale comme solution. Non elle n'allait pas se dégonfler, et puis c'était à elle de recoller les morceaux. Elle s'en mordait la langue

Seulement en voulant s'approcher, ses pieds se posèrent sur une matière visqueuse, peu agréable qui n'était en réalité qu'une vulgaire algue. Surprise, et pas vraiment ravie que cette plante s'enroule autour de sa cheville, elle sautilla à plusieurs reprises tentant de s'en débarrasser, avant de perdre l'équilibre et de se rattraper en dernier secours au bras du militaire. Ah comme entrée en matière, on ne pouvait rêver mieux.

Suzanne se remit sur ses deux pieds au plus vite pour libérer Laurent de son poids, avant de finalement se servir de ses mains pour retirer cette saleté d'algue qu'elle balança un peu plus loin. Elle inspira profondément avant de se retourner vers lui, et de bafouiller ce qui pourtant partait d'une bonne intention.

« Tu m'en veux ? … Enfin non, pas pour ton bras quoique oui tu peux m'en vouloir pour ça aussi, enfin non … Je veux dire, tu m'en veux pour tout à l'heure ? »

L'algue aurait mieux fait de l'empêcher de parler plutôt que s'acharner sur ses pieds. Elle s'était un peu, voir beaucoup emmêler les pinceaux, et se trouvait parfaitement ridicule. Elle s'apprêtait à surenchérir, mais s'y résigna au dernier moment de peur de s'enfoncer totalement. Craintes stupides c'étaient les biens mots qu'il avait employé tout à l'heure …

La marelle aquatique, ça il ne connaissait pas mais Suzanne se chargeait de lui en faire une démonstration peu encourageante en sautillant sous le regard de Laurent qui changeait pour devenir interrogatif envers ce qui arrivait à la jeune femme qui du s’agripper à son bras, était-ce une nouvelle technique d’approche ? Non, elle le lâcha pour s’attaquer à une algue avant qu’elle ne se tourne vers lui pour lui poser la question qui tue… Lui en vouloir, n’aurait-il pas réussi à masquer ses émotions, décidément depuis qu’il fréquentait Suzanne, le Para se ramollissait et ce n’était pas bon pour le boulot mais si formidable de ressentir des sentiments pour quelqu’un.

« Heu… T’en vouloir ? Non, comment pourrais-je t’en vouloir, c’est juste que je m’attendais à autre chose… Plus qu’une simple bise pour être franc car je pensais que c’était une occasion en or pour franchir une étape supplémentaire mais je me dis que je me suis peut être trompé… Tu ne ressens peut être pas les mêmes choses que moi pour toi mais tu m’as rendu fou de toi… Suzanne, je t’aime ! »

Même pas un roulement de tambour, seulement le bruit des vagues venant lécher la plage, le rire moqueur des mouettes qui devaient se foutre de la gueule du militaire et à présent un grand silence intérieur entre chaque battement de son cœur, Laurent venait de dévoiler ce qu’il ressentait pour Suzanne et il allait être vite fixé.

Au moins après ça les choses seraient plus clair, soit la relation devenait sérieuse, soit il allait devoir s’en remettre en espérant qu’une amitié soit encore possible si cela ne la faisait pas fuir à l’autre bout de la planète. En tout cas, Lilote avait raison de ne pas vouloir attendre qu’il soit trop tard pour dire ou vivre ses sentiments, peut être pas de vouloir sauter sur tous les mâles qu’elle rencontrait mais plutôt de ne pas tourner autour du pot afin de ne rien regretter.

« Suz… »

Laurent, à voix basse, cherchait à faire réagir celle qui se trouvait à deux pas devant lui et qui ne devait pas s’attendre à cette déclaration, il se sentait bien seul tout d’un coup et attendait le verdict tel un voleur jugé pour tentative de vol d’un cœur précieux.

Elle crut tomber pour de bon. Suzanne ne s'était pas attendue une seconde à ce qu'il lui dise ces mots là, pas tout de suite, pas comme ça en tout cas. La scientifique en resta muette, sa bouche se déformant lentement, cherchant quelque chose à dire mais aucun son n'en sortit. Elle se demanda un instant si tout ça était bien réel, n'était ce pas trop beau pour être vrai ? Elle ne maîtrisait plus rien et cela l'effrayait.

Elle n'osait plus bouger, seul son cœur semblait faire parti d'une course, et quelle course ! Tout se mélangeait dans sa tête. Ses mots y résonnaient, elle savait qu'il avait raison, qu'il fallait profiter, qu'il fallait saisir l'opportunité, mais ...
C'était contraire aux règles. Foutues règles. Ils n'avaient pas le droit de faire ça, encore moins de tomber amoureux. Et pourtant … Elle n'avait attendu que ça.

Sa faible voix l'appelant fut comme un électrochoc. Si elle était incapable de dire quoique se soit de sensé ou même d'audible, elle pouvait encore faire ce qu'elle n'avait pas osé quelques minutes auparavant.
Sans se rendre compte réellement de ce qu'elle faisait elle s'approcha de lui, ne le quittant pas des yeux un seul instant. Le sang battait ses tempes mais elle n'y prêtait même pas attention. Elle resta ainsi quelques secondes, avant de réduire définitivement la distance entre eux en posant ses lèvres sur les siennes. Voilà la seule chose qu'elle était capable de faire et surtout dont elle avait envie. Sûrement la seule réponse qu'elle pouvait lui donner sur l'instant.
Sur la pointe des pieds, elle finit par passer ses bras par dessus les épaules du militaire, autour de son cou. Oublier tout ce qui avait autour, les contraintes, les craintes. Savourer juste l'instant, juste ce baiser, juste lui. Puis elle détacha ses lèvres des siennes pour contempler celui qu'elle avait entre ses bras, avant de lui murmurer :

« Non non, tu ne t'es pas trompé … C'est moi qui ait joué l'idiote, c'est tout »

Elle était incapable de raisonner clairement à ce moment là. Elle avait oublié où elle était, ce qu'elle faisait, qui elle était … Il était là lui, c'était le principal.

Pourvu qu’elle ne fuit pas, pourvu qu’elle ne m’en veuille pas, que faire dans ce cas ?
Voila ce que pensait Laurent quand elle sortit de sa stupeur pour bouger doucement dans sa direction en le fixant dans les yeux alors il fit de même sans bouger, submergé par ses sentiments, le monde s’était arrêté autours d’eux, ils étaient seuls dans cet instant magique car de la façon dont Suzanne levait doucement sa tête et lui la baissait sans vraiment y faire attention, il n’y avait qu’une catastrophe pour les faire sortir de cette enivrante pulsion.

Les lèvres de la jeune femme se posèrent sur les siennes, dès lors tout était clair pour Laurent, cet amour était réciproque et c’était vraiment important au point d’en rester les bras figés près à l’enlacer mais cela ne se faisait pas tant il était subjugué par l’évènement ou trop concentré à l’embrasser à son tour après une seconde de flottement.

La belle lui enlaçait même le cou de ces merveilleux petits bras, dès lors il referma l’étreinte en passant ses bras à hauteur de ses hanches avant de remonter pour poser les mains dans son dos. Ce moment tant attendu se réalisait et ce n’était que du bonheur, le plus extraordinaire dans tout ça était de devoir agir comme des enfants qui devaient et devraient cacher cette attirance aux yeux de leurs parents, sauf que la il s’agissait d’adultes et du SGC, ce qui était totalement occulté par l’instant présent de partage.

C’était Suzanne qui mit fin à ce plaisir intense pour le regarder et murmurer quelques mots auxquels il répondit de la même façon :

« Non c’est de ma faute, je suis trop impatient, cela fait tellement longtemps que j’attends de te dire ce que je ressens mais ce n’était jusque la jamais le lieu idéal… Pas sûr que ça le soit actuellement en faisant trempette mais je me suis fait avoir comme un bleu… En fait je comptais te le dire ce soir au clair de lune mais il y a des choses imprévisibles et ça ne m’empêchera pas de te le dire de nouveau ! »

La fin du baisé langoureux avait fait reprendre à Laurent ses esprits, le militaire avait été entrainé à réagir rapidement à presque toutes les situations et fort de ses acquis il arrivait bien mieux que Suzanne à revenir à la réalité, pourtant après son petit discours, c’est lui qui fit le mouvement pour embrasser la sirène qui l’avait envouté un jour de juillet 2009 à l’infirmerie de la base.

Seul le mouvement répété des vagues pouvait lui rappeler où elle était, et encore… Elle était complètement ailleurs, accrochée au cou de Laurent et rien d'autre. Elle avait senti un frisson lui parcourir le dos quand il avait passé ses bras autour d'elle.
C'est tout en murmure qu'il lui répondit, et la scientifique prit sur elle pour ne pas le couper en l'embrassant de nouveau. Elle avait du mal à résister en étant si près de lui, et en l'écoutant dire ces mots là surtout. Elle n'eut finalement pas à le faire puisque c'est lui qui se pencha vers elle. Un baiser qu'elle lui rendit avec ardeur. C'est elle toutefois qui mit fin de nouveau à ce moment intense, pour déjà essayer de retrouver un rythme cardiaque correct, s'étant légèrement emballé sur le coup, et en s'éloignant juste assez pour ajouter :

« C'est sûr qu'en plein milieu de la cafétéria de la base … On ne serait pas passés inaperçus »

Suzanne ne put s'empêcher de contenir un rire d'ailleurs en s'imaginant la scène. Pour le coup, c'était un bon moyen de se faire remarquer. Après il était difficile de connaître les réactions de chacun, mais elle n'avait pas de mal à imaginer un réfectoire silencieux, ébahi par la désinvolture d'un militaire et d'une scientifique. Même elle, elle se demandait comment elle aurait réagi si il avait osé lui dire ces mots au SGC. Être loin de tout ici avec lui, voilà quel était le moment idéal.
Faisant mine de réfléchir, d'un air taquin elle surenchérit.

« Tu voulais donc me le dire au clair de lune ? Intéressant ... »

Elle ne tint pas plus de deux secondes dans son rôle, secouant légèrement la tête de droite à gauche, plongée dans le regard de celui qui lui faisait perdre la tête. Elle ajouta à demi-voix :

« Peu importe ... »

Elle déposa un baiser sur ses lèvres avant de poursuivre.

« … Que l'on soit ici à faire trempette, ou au clair de lune, peu importe … Et puis ça te va tellement bien le bleu … Monsieur Schtroumpf »

Un sourire au coin des lèvres, pas décidée à le lâcher elle le regardait presque avec gourmandise.

Samedi 28 août 2010 – 12h19

Laurent serait bien resté comme ça pendant des heures mais malheureusement ce n’était pas possible et pour cette première fois avec Suzanne, c’était déjà plus qu’il ne l’avait espéré et puis sa sirène s’imaginait cette scène au SGC ce qui le fit redescendre sur terre ou plutôt dans la mer. A cette affirmation humoristique, le militaire répondit :

« Il est vrai que ce n’est pas le lieu le plus discret de la base, pourquoi pas en haut de la rampe d’accès à la porte pendant qu’on y est ?! »

Petit sourire au coin des lèvres pour avoir surenchéri au fantasme de la jeune femme, enfin si cela en était un car impossible de vraiment savoir de quoi elle était capable dans ce domaine, contrairement à d’autres pour lesquels il en savait assez pour y avoir laissé deux pantalons.

Puis elle s’emballa en jouant les enquêtrices pour finir par l’embrasser rapidement et continuer son monologue pour se montrer rassurante. Elle ne semblait pas vouloir lâcher prise mais il fallait une fin à tout pour avoir envie de recommencer plus tard alors Laurent enchaîna calmement et sereinement :

« La Schtroumpfette n’aurait-elle pas faim d’autre chose que de moi ? Ce n’est pas que je veux gâcher ce moment très plaisant mais il ne faudrait pas trop tarder pour aller manger un morceau car j’imagine que ton petit déjeuner n’était pas formidable »

Lentement il relâcha la douce étreinte de ses deux paluches dans le dos de Suzanne pour qu’elle aussi puisse se décoller, cela sonnait un brusque retour dans leur environnement qui avait été effacé pour ne laisser place qu’aux émotions, Laurent redevenant petit à petit le grand fou qu’il était depuis son entrée acrobatique dans l’eau, il se laissa tomber en arrière sans mouvement pour freiner son immersion totale avant de réapparaitre pour nager aux côtés de sa belle en direction de la plage.

« Qu’est-ce que gagne cette fois le premier qui sera habillé et prêt à rejoindre l’hôtel ? »

Dès que la scientifique donna une réponse, que l’enjeu soit positif ou négatif, il accéléra et n’eut pas de mal à prendre de l’avance, se trouvant déjà sur la plage alors que Suzanne était encore dans l’eau, cette dernière pouvait le voir accroupi à côté d’un petit garçon qui jouait dans le sable puis Laurent se redressa pour venir vers sa concurrente préférée qui abordait la plage, à croire qu’il ne voulait pas gagner alors qu’il aurait pu, le gain n’était-il pas à la hauteur ou n’en valait-il pas la peine ? Il y avait de quoi se poser la question jusqu’à ce que le gentil gamin auquel Laurent avait parlé vint envoyer une pelleté de sable dans le dos de Suzanne ce qui ne manqua pas de faire se plier en deux le Schtroumpf et de faire un signe du pouce au môme qui partait en courant tout content de lui.

« Hey… Ne me regardes pas comme ça, ce n’est pas moi qui ai lancé le sable… Non Suzanne, n’y penses même pas »

Avait-il vraiment raison de craindre des représailles au point d'en faire sa tête de pauvre malheureux sur qui toute la misère du monde allait tomber ? En tout cas, que ce soit dans la mer ou aux douches, Suzanne allait devoir perdre du temps pour se rincer, voila sans doute un début de réponse expliquant que Laurent ne soit pas pressé de gagner la course.

Ah il marquait un point, son petit-déjeuner n'avait pas été formidable non. En même temps, il lui paraissait loin, très loin. Il devait être autour des 12-13heures, et pourtant elle avait l'impression qu'il s'était passé un million de choses ce matin là.
Elle approuva son idée avant de retirer ses bras de ses épaules, un peu à contre cœur mais elle n'allait pas jouer les difficiles et puis si il disait vrai, elle l'avait rien que pour lui pendant deux jours. Alors qu'elle le suivait en marchant tranquillement, la tête totalement ailleurs, il lui proposa un nouveau défi. Le premier habillé. Restez plus qu'à décider de la récompense, choix qu'il laissa à la scientifique. Après y avoir réfléchi avec soin, Suzanne lui proposa son idée.

« Hum … Il gagne le droit de demander tout ce qu'il veut à l'autre, qui devra accepter évidemment ! »

Bon, ce n'était pas très original, mais ça permettait de laisser un large choix quant à la suite du défi. C'était un peu risqué pour le perdant, quitte ou double … Dès lors, elle vit le Schtroumpf gambader vers la plage plus rapidement qu'elle déjà, puis s'arrêter à hauteur d'un petit garçon jouant dans le sable. Surprise, Suzanne ralentit sa course, fronçant les sourcils dans leur direction. Qu'est ce qu'il fabriquait encore ? Bien que perplexe à l'idée de ce qu'ils pouvaient se raconter, elle était amusée de les voir tous les deux. Arrivée presque à leur hauteur, elle vit s'approcher Laurent d'elle. Elle allait d'ailleurs en profiter pour lui demander lequel des deux allait apprendre à construire un château de sable à l'autre, quand ce même sable atterrit dans le dos de la scientifique. Elle étouffa un cri de surprise, avant de tourner la tête immédiatement vers le gamin qui prit la fuite, après que ses yeux soient tombés sur le pouce levé du militaire.

Là Suzanne resta immobile un instant, à observer le grand enfant qui riait pleinement de sa bêtise. Malgré le fait qu'elle ait le dos couvert de sable par sa faute, son rire était contagieux et elle eut du mal à effacer ce sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Elle n'allait pas se vexer pour si peu, cela dit ça ne l'empêcha pas de lui lancer un regard persistant qui se voulait redoutable. Elle ne se laisserait pas faire et réfléchissait activement à sa vengeance. L'idée de le mettre au sol dans le sable lui traversa l'esprit, mais bien que fort intéressant, elle ne voyait pas par quel miracle elle pouvait y arriver, vu sa carrure.

Ses yeux de petit cocker malheureux ne firent qu'aggraver son envie de le rouler dans le sable, bien qu'il était difficile de garder son sérieux devant son petit numéro.

« Ne me fais pas ces yeux là,... »

Il restait le sceau du garnement que Laurent avait embauché clandestinement quelques secondes plus tôt. Il avait fui tellement vite qu'il en avait oublié ses autres outils. Mais le temps de le remplir et de lui jeter dessus, Suzanne doutait que le militaire reste immobile en attendant. Non elle avait une meilleure idée ! Elle se dirigea tout droit vers leurs affaires. Son beau t-shirt blanc … Bien qu'il était bien mieux sur lui, elle s'en empara et l'enfila sans se poser de questions. Bien trop grand certes, mais il n'avait à présent plus d'habit à se mettre sur le dos.

« On a bien dit habillé non ? ... »

Elle ramassa ses affaires à elle, avant qui leur arrive malheur à eux aussi puis lui proposa de rejoindre les douches, toute fière de sa pseudo vengeance. Bon de toute façon si elle, elle rentrait dans ses vêtements, elle doutait fort que l'inverse soit possible.

L’enjeu du défi avait de quoi être motivant et était même très risqué mais tout deux étaient des adultes responsables, enfin ce n’était pas cette image qu’ils donnaient actuellement à ceux qui pouvaient les observer.

Alors que Laurent s’attendait aux représailles quand il vit Suzanne regarder vers les outils de son agresseur, il était déjà prêt à faire un sprint en n’imaginant pas un instant l’idée qui allait passer par la tête de celle qui avait plein de sable dans son dos humide.

« Hey mais où est-ce que tu vas ? »

Il restait immobile en la voyant aller vers leurs serviettes, se frottant la tête pour accompagner son doute d’avoir vexer la belle par cette méthode pas très fair-play mais bon, c’était pour rigoler mais peut être n’avait elle pas apprécié cette plaisanterie alors il se mit à trottiner vers elle pour lui demander de l’excuser mais à sa grande surprise, Suzanne ramassa et enfila le tee-shirt qui était à lui avant de le relancer sur le défi. Ouf, le militaire n’avait plus lieu de s’inquiéter sur une éventuelle vexation mais il se rendait compte qu’il venait de se faire avoir car il n’était pas le premier habillé mais la scientifique oubliait quelque chose :

« Ok tu es habillée et pas moi mais cela ne veut pas dire que tu sois prête à rejoindre l’hôtel… Bon allez tu gagnes le défi et mon tee-shirt tout mouillé et plein de sable en prime, si je ne peux pas m'habillé, je ne risque pas d'être prêt avant toi »

Laurent s’accroupi pour rabattre sa serviette et creuser à une main le sable la où avaient été enfouis leurs trésors. Le sac plastique de nouveau à l’air libre, il reboucha le trou vide et ramassa sa serviette pour suivre la jeune femme qui venait de proposer d’aller aux douches, à moins que ce ne soit sa première demande en tant que vainqueur.

Voila le duo qui se rinçait pour se séparer du sable et du sel, pour le perdant c’était vite fait puisqu’il n’avait rien à retirer mais il se plia très volontiers à proposer ses services pour honorer le pari avant même toute demande officielle :

« Si je puis faire quelque chose pour vous maîtresse, ce sera avec grand plaisir ! »

Tel un esclave il parlait, allant même jusqu’à faire une courbette mélangé à un signe de révérence pour insister, ce qu’elle voulait elle l’aurait, enfin à condition que cela reste dans les limites du raisonnable.

Le chemin vers l’hôtel fut plus calme et chacun put aller se faire une toilette et se changer pour être présentable à la terrasse du restaurant du même établissement où une table pour deux avec vue sur la mer les attendait.

La jeune femme ne s'attendait pas à ce qu'il la laisse gagner aussi facilement, elle qui s'était préparée aux pires représailles du militaire. Bon, tout bien réfléchi c'est elle qui se retrouvait le dos plein de sable avec en prime un t-shirt qui lui collait partout.
Cela dit elle avait gagné le défi, et donc la récompense qui allait avec. Il lui fallait maintenant trouver comment elle pouvait l'utiliser avec brio … Pendant qu'elle cogitait silencieusement en arborant un fier sourire, elle l'aida à ramasser toutes leurs affaires avant de se diriger vers les douches.

« J'adore jouer avec toi ! »

Et une douche, elle en avait grandement besoin ! Elle commença par retirer le t-shirt et le passer sous l'eau en faisant la grimace. Elle espérait pouvoir lui rendre en bon état quand même. À côté, Laurent qui n'avait finalement pas besoin d'y rester longtemps, endossa son rôle d'esclave en lui proposant son aide. Ses mimiques la firent rire mais elle était bien décidée à profiter de son gain autrement.

« Oh c'est aimable à vous bel esclave, mais je me débrouille ! Par contre vous, je crois qu'il vous en reste un peu là ... »

L'air faussement contrarié, elle avait pointé du doigt une zone précise dans le dos de Laurent avant de passer la main dans son dos à elle et venir coller le peu de sable qu'elle venait de récolter, à l'endroit qu'elle avait indiqué plus tôt. Bon ça ne l'occuperait pas longtemps, peut-être quelques secondes au grand maximum. Suzanne elle, resta un peu plus longtemps sous l'eau évidemment, pour finir de retirer tout le sable que ce petit bonhomme lui avait balancé.

De retour à l'hôtel, ils filèrent chacun dans leur chambre afin d'être un minimum plus présentable pour déjeuner. C'est donc sèche et habillée que la scientifique rejoignit le shctroumpf. Une table en terrasse les attendait, Suzanne admira d'ailleurs silencieusement la vue avant de prendre place. C'est avec des yeux émerveillés qu'elle reposa son attention sur l'homme assis en face d'elle.
La dernière fois qu'ils avaient mangé ensemble, enfin non, à vrai dire les seuls fois qu'ils avaient mangé tous les deux, c'était au réfectoire de la base. Ici le décor était bien différent. Et à y réfléchir, il n'y avait pas que le décor qui avait changé. Elle se repassait leur étreinte, en esquissant un sourire sans s'en rendre compte.

« Wahoo, … C'est à quel moment que je dois te remercier pour tout ça, Laurent ? »

Elle était sur un petit nuage, rien ne pouvait l'atteindre. Enfin elle guettait du coin de l'œil toutefois les personnes qui passaient tout près, tout était si parfait depuis le début, qu'elle ne serait pas surprise de voir une catastrophe arriver, en espérant cela dit que ce ne soit pas elle qui en soit la cause.

Samedi 28 août 2010 – 12h46

Suzanne se dévoilait toujours un peu plus et pour le moment ce que découvrait Laurent ne lui déplaisait pas, outre cette merveilleuse étreinte qu’il n’allait pas oublier, il y avait les petits jeux qui démontraient un esprit ouvert quand les conditions le permettaient. A la base c’était plutôt le sérieux qui était de rigueur et même quand on pouvait imaginer un relâchement de la part de la scientifique, c’était uniquement pour une grande occasion que quiconque aurait pu fêter ou pour une énième catastrophe, à moins qu’elle ait aussi un don pour jouer la comédie afin de mettre ses proies en caleçon…

La coquine, à la grande surprise de son esclave, n’avait pas profité dès le départ de son pouvoir, c’était tout à son honneur de ne pas vouloir en abuser et puis elle avait déjà son chevalier servant à ses pieds pour tout lui pardonner, au moins le sable déposé en traitre pour le faire de nouveau passer par la case douche.

Après une nouvelle douche, cette fois avec du savon, avoir enfilé son jean pour le bas et un tee-shirt sec vert kaki avec l’emblème du CPA10 dans le dos, il descendit et attendit debout face à la mer mais pas face contre terre que son invitée arrive, se battre avec ses cheveux longs et le maquillage devait prendre plus de temps que pour lui qui n’avait pas ces soucis.

Un large sourire s’afficha sur le visage de Laurent quand Suzanne arriva puis ils allèrent prendre place, il resta silencieux pendant qu’elle s’installait en observant le paysage et c’est elle qui parla en premier pour poser une question qui lui fit arquer les sourcils l’espace d’une seconde avant de reprendre un air neutre.

« Me remercier ? Mais c’est à moi de te remercier, tu as su briser la carapace que je m’étais forgée en entrant à l’armée, il est vrai que je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un de touchant comme toi et que jusque la j’étais un peu comme une machine. Tu m’as rappelé qu’il n’y a pas que le boulot dans la vie et c’est grâce à toi si je n’ai pas fait une grosse bêtise après le clash avec Dante… Alors non, tu n’as pas à me remercier car cela me fait énormément plaisir d’être seul avec toi, loin de notre univers quotidien même si j’adore le travail que nous faisons… Et si tu me parlais un peu de toi et de ta famille »

Le serveur mit la conversation en pause quand il apporta les cartes et très vite le choix du militaire se porta sur une salade composée accompagnée d’eau minérale et suivie d’une glace pour ne pas être trop lourd pour la balade qu’il avait prévu l’après-midi d’autant que la température continuait de monter bien qu’il fasse déjà chaud sous l’ombre appréciable du parasol.