Pendant les missions d'Avril

Mathilde avait enfin eu droit à ses RTT. Elle ne savait pas pourquoi cela arrivait maintenant, ou plutôt elle préférait éluder avec soins toutes les choses qui pouvaient véritablement la coller en repos. Si elle avait dû faire le compte, elle aurait fini au bout d'une corde.
Le plus important au final n'était pas le pourquoi de ces congés, mais le fait de les avoir eu, enfin!
Elle allait pouvoir se requinquer et par la même occasion requinquer son amie. A cette fin, elle avait discrètement évoqué la possibilité d'un voyage durant leurs prochaines vacances, et fait des piqûres de rappel à intervalle régulier pour que la psychologue de la base n'oublie pas et finisse par se faire à cette idée. La petite baronne pouvait être machiavélique quand elle le voulait et là, elle le voulait plus que tout. dut elle hypnotiser Roxanne pour la traîner avec elle, elle se paierait les services du meilleur hypnotiseur pour être sûre du coup!
Un billet d'avion en première classe avait attendu sa chef d'équipe dans ses quartiers avec un petit mot lui disant qu'elle avait une semaine pour préparer ses valises, elle était conviée pour un séjour dans une auberge traditionnelle japonaise disposant de sources chaudes. La fin du mot précisait qu'elle avait engagé des déménageurs pour la fourrer dans la soute de l'avion si elle résistait.

Le jour J, Mathilde attendit Roxanne devant la base. Elle était au volant d'un monospace, chose curieuse, mais la jeune femme comprit la raison du choix de ce véhicule, tout le coffre était occupé par quatre énormes valises et sur les sièges arrières ont trouvait également des housses de transport de vêtement... Mathilde partait elle pour une semaine? De ce que put tirer Roxanne du flot interminable de paroles, oui.

Le voyage vers l'aéroport fut agrémenté d'une frayeur digne de ce nom quand un volatile se suicida sur le pare-brise du véhicule, laissant quelques plumes et traces sanglantes, la scientifique avait failli faire partir le véhicule dans le décor, s'était retrouvée sur la mauvaise voie et finalement après un constat avec le propriétaire du camping car qui lui avait plongé dans un fossé pour les éviter, les deux amies purent échanger leurs billets pour le vol suivant... Elles ne durent patienter que trois heures, temps suffisant à Mathilde pour manquer de s'étouffer avec un m&m, déclencher l'alarme quand elle passa au détecteur et au final d'embarquer à la bourre sévère après un interrogatoire auprès des services de sécurité de l'aéroport. Elle s'en était tiré en évoquant le fait qu'elle était consultante pour le Ministère de la Défense, qu'elle avait un important rendez vous au Japon et qu'elle ne manquerait pas de citer la raison de son retard si on ne lui laissait pas prendre ce fichu vol.
Par chance pour Roxanne, la première classe disposait d'écouteurs et elle put donc de temps en temps se soustraire aux commentaires de la physicienne bien remontée contre les mufles qui l'avaient "séquestrée" et sur son écran personnel qui ne fonctionnait pas, et sur le plateau repas qui n'était pas ce qu'elle avait commandé, etc.

Arrivées à Kyōto, l'humeur de la franco-nippone changea du tout au tout et son regard pétillait de bonheur à chaque pas. Roxanne n'avait pas à s'étonner du japonais de sa compagne de vacance, elle savait qu'elle avait passé toute sa jeunesse ou presque au Japon.
une location de voiture plus tard, elles étaient en route pour le village d'Ohara. De toute évidence, la jeune femme connaissait les lieux, mais n'avait rien dit de leur destination.
Roxanne eut donc la surprise de les voir arriver en bordure d'une grande propriété. Mathilde lui dit de la suivre, ne prenant que son petit sac à main. Elle conduisit son amie sur un chemin pavé à l'ancienne de dalles d'ardoises au travers d'un jardin luxuriant peuplé d'arbres ancestraux filtrant la lumière du jour en kaléidoscope naturel superbe. Au bout de deux ou trois cent mètres, ils débouchèrent sur une grande clairière dans laquelle trônait un grand bâtiment d'architecture nippone classique, le genre de vieille demeure en bois aux portes coulissantes. On se serait cru revenu quelques centaines d'années en arrière. La porte était ouverte et une petite japonaise, tout juste aussi grande que Mathilde, sûrement aussi âgée que les arbres environnant à en juger par sa peau ridée comme une pomme rainette les accueillit avec une joie et une émotion non dissimulée. Elle ne parlait pas un traitre mot de français ou d'anglais et son débit était comparable à celui de Mathilde, visiblement aussi émue que la vénérable tenancière de l'établissement. Cette dernière sembla un petit peu rouspéter, mais cela ne dura guère bien trop heureuse de voir sa petite "hime-sama".

"Roxanne, je te présente ma grand mère par "adoption", Munataka Tsuki. je ne sais pas si tu sais, mais au Japon, on s'appelle couramment par le nom de famille et on place un suffixe qui varie en fonction de critères sociaux et relationnels, quand tu t'adresseras à notre hôte tu peux donc l'appeler Munataka-san, elle sera très heureuse de voir que tu connais les coutumes de ta destination."

Pour autant, la leader de SG6 remarqua que Mathilde n'appelait la mémé ainsi, peut être était ce justement dû à ces critères sociaux et relationnels.
En attendant, la maîtresse de maison fit venir deux hommes, un assez âgé et un plus jeune, à qui Mathilde remit les clefs du véhicule et dit quelques mots d'un ton placide de petite princesse. Puis on les guida dans l'auberge traditionnelle. L'intérieur était à l'image de l'extérieur et fleurait bon le passé. On les avait chaussé de petites pantoufles et remisé leurs chaussures dans des casiers de bois laqué. On était vraiment en plein Japon médiéval!
Leurs chambres étaient aménagées richement, des estampes et des aquarelles ornaient les murs, il y avait ici et là quelques sculptures et poteries, c'était tout bonnement magnifique, bien que complètement dépaysant pour qui n'avait pas l'habitude de ce genre de décor. Un des dépaysements majeur, l'absence de lit.

La tornade miniature de SG6 arriva dans la chambre de Roxanne après que l'on eut déposé leurs valises et indiqué une armoire où tout ranger.

"Alors, qu'en dis tu? Ca te plaît? Regarde, par là on a une vue sur le jardin et sur le petit lac aux lotus!" Elle avait tiré un pan du mur, en fait une porte fenêtre et on pouvait voir un superbe jardin traditionnel, une mare dans laquelle dansaient des carpes multicolores et dans la direction pointée par Mathilde, un petit étang dont la surface était en partie couvert par des plantes d'un vert profond. "J'ai failli me noyer dedans quand j'étais enfant, j'adorai regarder les nénuphars et quand j'ai voulu en attraper un en particulier, j'ai glissé et hop, dans la vase!" La jeune femme éclata de rire. "Je suis juste à côté, tu tires cette porte et tu es dans ma chambre. Si tu as besoin de quelque chose, tire la corde près de la porte d'entrée de ta chambre Munataka-san ou Shiori-san viendront au plus vite. Ah... Oui! Tiens, il te faut l'indispensable ici, je l'ai choisi moi-même, j'espère qu'il te plaira!"

La jeune femme déposa un paquet sur une table basse, arborant un sourire plus qu'enthousiaste. Elle était tout fière d'elle, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute, mais qu'avait elle offert? Le paquet contenait quelque chose de mou, du tissu apparemment, et en déballant on pouvait découvrir une sorte de drap. Difficile de savoir ce que c'était, mais une fois que Mathilde l'eut posé sur son support de bois... la pièce de tissu ne révéla que très peu de son secret. Un manteau? Un peignoir? En tout cas, le tissu en coton d'un blanc immaculé était brodé de fleurs de lotus et d'oiseau au long cou gracile. Avec se trouvaient des sandales.
A voir trépigner la baronne, on pouvait se douter sans trop d'erreur possible de ce qui lui passait par la tête.

"Oui Mathilde... non, je n'ai pas oublié mais je... oui, à plus tard..."

Pour la énième fois, Roxanne avait raccroché le téléphone en soupirant. Mathilde l'avait encore relancée pour ses vacances qu'elle planifiait depuis un moment... sans doute depuis qu'elle était revenue, plus en forme que jamais de l'hôpital ou elle avait passé quelques temps grâce à l'initiative d'un certain capitaine...

La psychologue ne savait pas quoi en penser. D'un côté, prendre des vacances, et du recul par rapport au SGC ne lui ferait pas de mal. Depuis le non-retour d'Ewann, elle était d'une humeur de chien enragé, que seule Mathilde semblait pouvoir supporter. Les autres agents avaient du mal à reconnaitre la jeune femme gentille, en cet être au ton coupant et aux répliques acides et sans retenue.

Elle ne faisait plus que quelques consultations, laissant le plus gros du travail à Véritas, qui ne s'en était pas plaint, au contraire. Elle passait le plus clair du temps dans son bureau ou en salle de sport, où elle se défoulait plus qu'autre chose.

Finalement, ce jour était arrivé. Roxanne avait trouvé un mot et un billet d'avion dans sa chambre. Mathilde avait fait fi de ses réserves et de ses gène quant à se faire offrir ce séjour et avait tout prévu, jusqu'aux gros bras pour la trainer de force. La métisse avait tourner en rond dans sa chambre, billet à la main, avant de tout simplement lâcher.

"Et puis zut, ils se passeront de moi, je vais y aller au Japon !"

Elle avait donc préparé son départ, posa des vacances... Dante fit la grimace c'est certain, mais ne rechigna pas à mettre la jeune femme en congés, exécrable comme elle était. Elle prévint aussi l'équipe médicale aussi qu'elle s'absentait pour quelques temps et le jour J, elle était prête.

Elle trainait une grosse valise violette à motif ronds derrière elle quand elle trouva Mathilde et la voiture... déjà pleine....

"Euh.... Mathilde, tu comptes vraiment emporter tout ça ?"

La scientifique avait confirmé avec une joie non dissimulée et Roxanne avait passé dix minutes à trouver un petit coin pour son trolley...

Elles prirent la route et Roxanne eut la désagréable impression qu'elle commettait une erreur monumentale en laissant le volant à japonaise. Impression qui ne tarda pas à se confirmer quand la voiture percuta un pauvre oiseau qui n'en demandait pas tant et faili suivre un camping car dans le fossé... La psy se promit que plus jamais elle ne laisserait Mathilde conduire, pas même une voiture téléguidée...

*Si on se plante déjà ici, je sais pas si je veux monter dans un avion...*

L'aéroport dut un lieu de répit pour la jeune femme, qui, trainant sa valise suivit Mathilde et son contingent de valises jusqu'au guichet. Ils durent patienter jusqu'au prochain vol, mais il semblait qu'avoir des billet en première classe donnait un avantage, sous la forme d'une salle d'attente privée... Roxanne saura plus tard que l'endroit était réservé aux clients en classe affaire, mais comme elle l'avait dit à l'hôtesse qui avait - à ses dépends - tenté de la déloger de là. "vu les prix que vous pratiquez pour les deux classes, il serait indécent de me faire bouger d'ici".

Roxanne n'avait jamais prix l'avion. En tout cas pas pour près de 20 heures de vol. Elle ne savait donc pas vraiment quoi faire pour tuer le temps. Elle avait pris des magazines, et un gros pavé de fantasy qu'elle devait lire depuis un moment. Ça permit de passer le temps de puisqu'elle pouvait tenir une conversation en faisant autre chose, elle ne s'en priva pas. Le reste du temps, elle le passa à dormir, puisqu'elle était certaine de se prendre le jet-lag de plein fouet à la descente d'avion.

L'arrivée à Kyoto fut en effet... dépaysante. La psy apprit qu'on pouvait se prendre le choc des cultures en pleine figure dès qu'on entrait en pays étranger. Outre le japonais qu'elle ne pratiquais que peu, elle avait l'étrange sensation d'être sans cesse dévisagée. Elle suivit donc docilement Mathilde, qui semblait connaitre son chemin. Malgré tout, elle ne put s'empêcher de regarder un peu partout.

Elle passa tout son temps à contempler le paysage qui se déroulait devant elle. Elle avait du mal à cacher une certaine excitation à mesure que son amie conduisait. Finalement, malgré les péripéties et le fait qu'elle regarde les M&M's avec méfiance, elle était contente d'être venue.

L'endroit où Mathilde s'arrêta ne ressemblait en rien à ce que Mathilde avait imaginé. Elle connaissait ce type de décor pour en avoir vu des centaines dans des livres de voyage et des mangas, mais ne pensait pas en voir un en vrai; une maison typiquement japonais, ceinturée d'un haut mur pour se tenir à l'abri des indiscrets.

"Waw..."

Elle se sentait un peu déplacée dans tout ça, mais il fallait suivre Mathilde, qui déjà, était accueilli par une dame dont Roxanne était incapable d'évaluer l'âge tant elle avait de rides. Mathilde fit les présentations, lui rappelant les règles d'usage au pays du soleil levant. Prenant une légère inspiration, elle s'inclina tout en disant :

"Je suis enchantée de vous rencontrer, Munataka-san. Merci de nous accueillir chez vous. Je m'appelle Roxanne Gallen."

Elle ne s'était pas aventurée à répondre en japonais, qu'elle maitrisait décidément trop peu. Elle espérait juste que leur hôte avait compris la sincérité de ses propos.

De nouveau embarquée par cyclone Mathilde, elle remarqua que sa réputation de princesse ne semblait pas usurpée. Déjà qu'elle en avait eu un aperçu à l'aéroport, là c'était le summum... Elle fit emmenée à sa chambre, qu'elle trouvait tout simplement superbe, et passa un long moment à observé les estampes, qui lui rappelaient celles que son frère avait rapporté. Roxanne se laissa finalement tomber sur les tatamis, complètement épuisée par tout ce qu'elle avait vu.

"Il promet ce séjour... et bizarrement, ça m'étonne pas que t'es failli te noyer là-dedans..."

La remarque était pour Mathilde qui venait d'arriver et lui montrait les beauté du jardin. Elle se réinstalla en tailleur sur le tatami - elle était en pantalon, plus pratique à son goût pour voyager - et c'est dans cette position qu'elle vit Mathilde défaire un paquet et en suspendre son contenu à une support...

Roxanne observa longuement le manège de son amie puis le long tissu... puis son amie...

"A... j'aime pas quand t'es comme ça... la dernière fois ça à fini en séance d'essaya... c'est un kimono, n'est ce pas ?"

La métisse avait l'air d'une biche prise dans les phares d'une voiture. Avec Mathilde, ce genre de séances prenaient une sacrée tournure.

"Il est... vraiment superbe... mais je ne sais pas si je peux...."

C'était un peu gênant, déjà que Mathilde avait beaucoup fait pour elle...

"HELP !"

Roxanne venait de se faire avoir en beauté. Mathilde lui avait sauté dessus pendant qu'elle contemplait le yukata et avait entreprit de la désaper. La situation virait bizarrement, d'autant que la jeune femme savait que Mathilde était douée au corps à corps... enfin là, la notion de corps àà corps était assez éloignée de celle que les militaires ont.

Mathilde avait suspend son déshabillage express pour une raison que Roxanne ignorait puisqu'elle avait gardé les yeux fermés. En les rouvrant, elle constata où se portait l'attention de la Japonaise. Un peu gênée quand même, elle tenta de la repousser.

"Mathilde, t'as un air de pervers là, ça fait peur..."

La scientifique ne s'en laissa pas compter pour autant et parvint à mettre Roxanne sur ses pieds pour le reste de l'essayage... Le yukata s'avérait être plus léger que Roxanne ne l'avait imaginé et très agréable à porter.

"C'est marrant... on se sent un peu engoncé dedans mais... comment dire, c'est moins lourd que ce que je pensais... par contre, je me vois mal courir avec... mais j'aime bien..."

Elle appréciait en effet l'élégance du vêtement, bien qu'il sorte définitivement de sa garde robe habituelle. Il fallait quand même se faire aux manches flottantes et à la ceinture un rien serrée sur la poitrine.... Roxanne en était là de ses réflexions quand elle entendit un son caractéristique et devenu habituel à force. C'est sa force qui la fit surtsauter. Le temps qu'elle se retourne, Mathilde avait les fesses en l'air et était affalée sur le sol.

"Oh non... Mathilde !"

Elle se précipita - enfin autant que ce que le yukata lui permettait- vers l'infortunée Nippone et s'agenouilla près d'elle pour constater les dégâts. Il fallut retourner la scientifique, dont le visage s'ornait déjà d'un superbe bleu.

"Décidément... bon ben j'ai plus qu'à arranger ç... et zut..."

A force de trainer avec la scientifique la plus malchanceuse du SGC, Roxanne se trimballait toujours avec de quoi soigner les petits bobos de la demoiselles, allant de la petite coupure à l(hématome bleuissant. Sauf que là, elle avait du être rangé dans la soute, plan vigipirate oblige...

"Et j'ai pas le temps de tout fouiller... tant pis..."

Se levant, elle manqua trébucher quand sa tenue se rappela à son bon souvenir et se dirigea vers la porte coulissante. qu'elle ouvrit en grand.

"Munakata-san ? Vous êtes là ?'

La same pourrait sûrement aider Mathilde, si le bruit ne l'avait pas alertée avant...

La vieille femme trottinait en effet déjà dans le couloir avec une "petite" mallette agrémentée d'une croix rouge, accompagnée d'une très jolie jeune fille qui ne devait pas dépasser les douze ans. La mémé semblait littéralement glisser sur le parquet dans son kimono, l'enfant quand à elle portant un pantalon de survêtement et un polo décoré d'une tête de chat stylisée à la nippone et devait trotter pour tenir l'allure de la grand mère.
Arrivée sur place, Munataka-san offrit un petit sourire à Roxanne et l'écarta pour se pencher en soupirant sur l'infortunée baronne qu'elle allongea sur le dos et commença à ausculter.

"Yare, yare..."

La petite fille qui l'accompagnait ne put s'empêcher de pouffer et s'intéressa alors à la psy du SGC, s'exprimant dans un français très correct agrémenté d'un accent très mignon.

"Bon-jou-reu! Djou... Je sou-i Munataka Chidori. Lavi deu vous lencon.. rrencon...trrer! Pa... Parrdo-nez mon furrançais médio-crreu."

Et elle s'inclina si bas qu'on put se demander si elle n'allait pas se cogner à son tour sur le plancher. Elle oscillait entre roulement des "r" pour les marquer quand elle n'en faisait pas des "l", mais sa bonne volonté était touchante.

"Muna-ba a l'habitoude de souagnié Nee-chan. Elle se tape pal... parrtout tout le temps."

Un grand sourire espiègles étira ses petites lèvres avant d'apparemment se faire un brin sermonner par la mémé qui souriait elle aussi malgré tout. aussitôt la petite se mua en assistante médicale dévoué, tendant antiseptiques et pansements quand la tenancière de l'établissement semblait en faire la demande.
Tout le monde soupira de soulagement quand la Baronne de l'Argentière se décida enfin à émerger. Elle avait un joli pansement pile au milieu du front. Et à voir son expression, elle devait avoir mal au crâne. C'était déjà miraculeux qu'il soit en un seul morceau...

"tttttt... Ma têêête! J'ai l'impression qu'on s'en est servi pour planter un clôture aussi longue que la Grande Muraille de Chine!"

La physicienne se redressa sur ses coudes et fit la grimace. Elle s'adressa à Munataka-san d'un ton contrit que Roxanne lui avait rarement entendu, enfin, si quand elle faisait une bourde et qu'elle s'excusait auprès d'elle, mais c'était tout.

"Je crois que j'ai trébuché sur quelque chose."

Elle remarqua alors la petite fille et avec une exclamation ravie l'attrapa et la serra dans ses bras avec effusion, n'arrêtant que quand la petite Chidori commença à virer au bleu. Elle lui ébouriffa les cheveux, lui parla avec son débit classique de mitrailleuse puis la tournant vers Roxanne avec la fierté d'une mère présentant sa fille, elle la présenta.

"Roxanne, je te présente Chidori! Kawaiii imoutoooo!" Et ce fut reparti pour une séance de papouille. On n'aurait su dire ce qui allait céder en premier, les vertèbres ou les poumons... Le câlin était en tout cas enthousiaste. Finalement la proie de Mathilde réussit à s'extirper du piège mortel et "l'adulte" en fit une petite moue avant de continuer. "C'est la petite fille de Munataka-san. Elle l'élève ici avec Shiori-san, sa mère travaillant comme hôtesse de l'air n'ayant pas le temps. Et c'est aussi mon adorable petite sœur d'adoption. Tu ne trouves pas que l'on se ressemble?"

Elle approcha son visage de celui de Chidori et en fait la ressemblance venait surtout du fait que malgré ses trente trois ans, Mathilde donnait cette étrange impression d'enfance. Peut être son regard pétillant ou son visage poupin, en tout cas, avec son pansement, il était assez difficile de la regarder et de garder son sérieux.

"Ah ça..."

Roxanne sourit à la adolescente, avant de regarder Munakata-san prendre soin de Mathilde. Si la psy pouvait raconter toutes les blessures de son amie depuis qu'elle était entrée dans SG-6, cela prendrait une soirée... o deux... encore qu'une bonne semaine serait un délai assez raisonnable...

Se tournant finalement vers Chidori, elle se présenta à son tour, en parlant en français, assez lentement pour bien se faire comprendre.

"Enchantée. Je suis Roxanne Gallen, l'amie de Mathilde... et ton français est très bon."

Elle était sincère, Chidori se défendait mieux qui certains de ses patients étrangers, de plus, elle faisait de gros efforts.

*Il ne me reste plus qu'à me mettre au japonais moi... enfin dès que Mathilde sera sortie des choux.*

Ce qui ne tarda pas, la scientifique se réveillant comme si elle avait prit la méga-cuite de son existence. Celle-ci s'excusa platement auprès de leur hôtesse qui avait vraiment l'habitude des manies de son invitée.

"C'est pas loin, ta tête a juste voulu saluer une anime qu'elle 'navait pas revue depuis longtemps. Je ne sais pas ce que ça aurait donné si tu avais récupéré la psyché."

Roxanne avait dit ça en tapotant la poutre, un sourire malicieux aux lèvres.

Roxanne eut alors une preuve vivante de la fantastique capacité de rémission de Mathilde, quand celle-ci se jeta sur Chidori avec un air entre la mamie gâteau et le pervers en imperméable qui fait le tour des écoles.

*Mathilde... tu vas la casser là..."

Après moult contorsions, Chidori finit par échapper aux tentacules de la jeune femme, qui ne la lâcha pas pour autant. L'affirmation selon laquelle les deux sœurs d'adoption se ressemblaient laissa Roxanne sceptique. Elle avait déjà pu vérifier et contrer l'affirmation selon laquelle tous les Japonais se ressemblent, mais de là à...

*Wo, je m'égare là, si je laisse planer le silence, elle va m'en faire un incident diplomatique de niveau 3*

"Well... c'est pas faux, il y a un petit air de famille... Faut juste espérer qu'elle n'a pas ton sens de l'équilibre."

Sourire narquois de la psy qui ne pouvait plus s'empêcher de rigoler maintenant.

"Même pas en rêve".

Il n'était pas dit que Roxanne n'avait pas envie d'un bain. Simplement, elle préférait tester les sources chaudes plutôt que la mare du coin. En attendant, elle se laissa ajuster par Mathilde qui la soumis au jugement impitoyable de la grand-mère.

*Voyons si mes cours de danse sont restés....*

Elle se tenait droite, les mains croisées devant elle et posait un regard timide sur ses juges. Munakata-san surtout l'inquiétait. Elle sentait en elle le poids des traditions et leur maitrise absolue. Elle ne tenait pas à la décevoir, surtout que de son point de vue, les métisses en kimono n'étaient pas si courantes.

Un discret soupir de soulagement accueillit le verdict des Munakata-san et Chidori. Roxanne avait réalisé un de ses rêves : porter une tenue japonaise.

"Moi ça me va, si Chidori veut bien m'accompagner..."

Ah, Mathilde et ses digressions... celle-ci fut assez instructive sur la jeune demoiselle, même si celle-ci, vu son teint, s'en serait passé. Comme tous les enfants quand on parle d'eux et de leurs résultats scolaires en leur présence. Roxanne aussi détestait ça étant petite, et l'avait bien fait savoir à coups de grosses crises que son père réglait en général par une fessée, tant la métisse se montrait impertinente dans ces cas-là. Quoi qu'il en soit, la psy plaignait sincèrement Chidori.

Le flot de paroles fut brutalement interrompu par Munakata-san, grâce à une méthode assez particulière.

*Wow... je sais pas ce qu'elle lui a dit, mais je veux qu'elle m'apprenne à faire pareil !*

Impressionnée par la méthode et surtout pas bien loin d'éclater de rire. Elle se mordit les lèvres par charité. Echangeant un regard complice avec Chidori qui était dans le même état. Mathilde quitta la pièce, drapée dans sa dignité plus que froissée et Munakata-san déclara quelque chose que Roxanne n'eut pas trop de mal à saisir. Ca s'approchait du "elle en fait toujours tout un fromage".

Quand elles furent seules, Roxanne laissa libre cours à son rire. Peu importe que Mathilde l'entende, c'était vraiment impossible à contrôler.

"Chidori, ta grand-mère est géniale ! Il faut qu'elle me dise comment elle fait, j'arrive jamais à la faire taire comme ça !"

Les larmes aux yeux à force de rire, elle finit par prendre une grande inspiration, pour se calme.

"Mathilde était donc déjà comme ça... j'y crois pas, c'est pas possible."

Rassemblant ses affaires, elle se glissa hors de son yukata avant de remettre ses vêtements civils. Elle était quand même un peu plus à l'aise comme ça.

"On y va ? Depuis le temps que Mathilde me harcèle avec ces vacances, j'ai envie de tout voir maintenant."

Elle tâchait de faire attention à son débit. Elle n'avait pas celui de Mathilde, mais tenait quand même à se faire comprendre de Chidori

Roxanne se sentait à l'aise en compagnie de Chidori. Ca n'était pas arrivé depuis un moment et à dire vrai, elle en était étonnée. Non qu'elle ait des rapports compliqués avec les adolescents, mais elle ne les fréquentait pas, à part aux traditionnelles fêtes de fins d'années. Et comme elle n'était pas rentrée pour cette période ces deux dernières années, elle n'avait pas eu à subir les crises de ses jeunes cousins, que ses soeurs lui avaient racontés, l'air scandalisé au téléphone.

Le jardin zen était un enchantement, l'histoire que Chidori lui raconta le rendait d'autant plus romantique - à part la partie où Mathilde était tombée. De même, elle savoura la visite de l'autre jardin, et put apprécier à sa juste valeur la superficie du terrain.

"On m'avait toujours dit que les maison japonaises étaient assez petites... "

La psychologue en déduisit sans trop de mal que l'endroit était dans la famille depuis des générations et que vu le soin que la maitresse des lieux mettait à son entretien, il en serait ainsi pendant longtemps.

L'odeur des bains fit un peu tourner la tête à Roxanne, mais elle s'y fit vite. Elle n'avait jamais eu l'occasion de se rendre dans ce genre d'endroit, pas même dans une source thermale alors elle était ravie.

"Chidori-chan - je peux t'appeler comme ça, n'est ce pas ? J'aimerai essayer, je suis sûr que ça me ferai un bien fou."

Cela dit, elle se demandait si Mathilde boudait encore dans sa chambre ou pas...

"Ah ça... Mathilde est comme ça depuis que je la connais..."

Savoir qu'elle provoquerait l'armaggedon en chamboulant le programme de la scientifique fit plus sourire Roxanne qu'autre chose. Mais ça ne lui déplaisait pas, pour une fois qu'on prenait un peu soin d'elle, elle n'allait pas râler et provoquer un incident diplomatique.

Ainsi l'endroit était le repaire des riches commerçants nippons. Ca ne l'étonnait pas tant que ça en fait. D'un point de vue strictement psychologique, ce retrouver dans un endroit à l'opposé de son quotidien avait le don de vider l'esprit. Adieu comptabilité, magouilles et ronds de cuir. Ici, on ne se souciait que de de détente. Ceux qui râleraient après le manque de confort apparent se voyaient surement répondre que cela aidait à la relaxation et à la sérénité.

*Bon, ce n'est pas un temple zen non plus hein...*

Marchant à côté de Chidori, elle sourit de voir la jeune fille si détendue. Sourire qui failli se muter en éclat de rire quand elle trouva Mathilde étalée de tout son long et ronflante.

"Bon sang le jet-lag l'a tuée. Moi qui pensait qu'elle avait l'habitude...*

C'était bien trio tentant pour ne pas le faire. Roxanne sortit son téléphone pour immortaliser la scène, s'offrant par là même occasion ses premiers souvenirs de vacances. Elle eut du mal à ne pas ricaner en prenant le cliché fatal.

"Bon, on la réveille ou pas ? Tu sais comment elle est quand on la tire du lit... ceci dit, si on ne le fait pas, elle ne se fera jamais au décalage horaire... et puis c'est mon petit guide..."

La jeune femme s'approcha doucement de Mathilde, réfléchissant à une solution. Elle finit par avoir une petite idée. Se penchant au dessus de la nippone, elle chuchota.

"Le docteur Drogon porte un de tes tailleurs CHanel, tu sais, le bleu..."

Puis elle recule. On est jamais trop prudent...

"Mathilde de l'Argentière je devrais t'obliger à faire seppuku..."

C'est la première chose que Roxanne dit quand le silence retomba dans la pièce. Elle était franchement stupéfaite par ce qui venait de se produire. Mathilde trimballant son zat customisé... passant tous les contrôles possibles et s'en servant alors qu'elle joue les somnambules.... et devant témoin en plus...

"Oh misère... "

Roxanne porta son regard sur Chidori, ne trouvant pas de moyen d'expliquer concrètement ce qui venait de se produire...

"Mathilde réveille-toi !"

Joignant le geste à la parole, Roxanne tira vivement sur les joues de son amie. Elle savait combien la nippone détestait ça et ne s'en privait jamais par ailleurs. Elle prit aussi l'arme des mains de la jeune femme qu'elle sécurisa et rangea.

"Purée je savais que t'avais inventé des trucs bizarres mais là c'est le pompon. En plus, ça ne marche pas et la batterie fait plus son et lumière qu'autre chose... et ton imper est en lambeau..."

Roxanne devrait choper Mathilde et la noyer dans le bassin du jardin, mais elle avait d'autres choses à faire et puis il fallait bien trouver un truc à dire à Chidori...

La Baronne ainsi malmenée émis un plainte endormie guère convaincante et ses gestes pour se soustraire à sa chef d'équipe étaient tout aussi vigoureux. son regard s'éclaircissant peu à peu, elle sembla reconnaître Roxanne et la moue qu'elle fit était révélatrice de ce qu'elle pensait du geste de son amie. Ca pour sûr elle détestait cette manie qu'avait pris la métisse à lui tirer les joues comme si c'était de la pâte à pain.

"Maiiiihaïeuuuuu!" Se reculant et lorgnant la psychologue d'un regarda accusateur tout en se massant les joues endolorie de sa façon si personnelle et cocasse elle pointe un index inquisiteur. Le tout rapporté à son allure et son gabarit, elle était vraiment trèèèèèès intimidante... Si on avait quatre ou cinq ans. "Tu sais que j'aime pas ça! En plus j'ai mal à la tête! tu m'as cogné dessus? Et qu'est ce que tu fais avec mon zat? Tiens c'est bizarre je rêvais que je tirais avec sur Drogon, tu sais le psychopathe qui se fait passer pour un physicien, il était là et il essayait de me sauter dessus et..."

Là les mots "ton imper est en lambeaux" se frayèrent un chemin jusqu'aux tréfonds de son cerveau et s'interrompant, la jeune aristocrate regarda son porte-manteau, puis Roxanne.

"Oh non! Pas mon imper! C'était un porte bonheur! Je le hais! Je le hais, je le hais!"

Tapant du pied, pestant et rageant sans guère avoir conscience des autres personnes dans la pièce, elle alla vérifier si l'imperméable avait bel et bien disparu et une fois qu'elle eut constaté par elle même que le vêtement avait été volatilisé, elle se réintéressa à Chidori et Roxanne. Reprenant son empire, elle parla d'une voix posée, le docteur de l'Argentière était dans la salle!

"Sachez très chère Docteur Gallen, que toutes mes inventions sont parfaites, ou ne tarderont pas à l'être. Vous devriez savoir que je suis une référence mondiale dans mon domaine et que seule la curiosité m'a fait rejoindre le programme car partout l'on me faisait un pont d'or. Alors on ne me tire plus les joues! Dediou! Dediou! Tu sais que je déteste ça!" Se tournant vers Chidori, elle lui sourit comme si de rien était. "Ca t'a plu? C'est un projet sur lequel je travaille depuis quelque temps. Faudra pas en parler sinon j'aurai des problèmes, mais promis je t'en offre un quand j'aurai fait les modifications pour pas que ça abîme les vêtements."

Toujours muette, l'enfant avait hoché la tête, du genre à ne pas contrarier une tante un peu exentrique.
Réajustant sa tenue, la scientifique lança à la cantonade d'un ton aussi léger que la façon dont elle avait évacué le problème.

"Bien, faudrait commencer à préparer le programme des visites, je compte bien te faire découvrir des endroits que peu de gens ont pu voir. Et puis faudra faire Hanami. Les cerisiers sont juste comme il faut. Prends tes affaires, on va aller faire quelques courses pour ça, faire un peu de shopping. Ici c'est pas comme en France où on doit se lancer dans une quête digne de la quête du Graal pour avoir un téléphone qui ne date pas du Moyen Âge un PDA qui permet de surfer, etc. en plus il y a un petit restaurant particulier qui propose des glaces... A se damner!"

Ses grands yeux brillants fixés sur son amie, un grand sourire s'étirant d'une oreille à l'autre, comment lui en vouloir quand on voyait ce petit bout de femme aussi rayonnante et angélique. Elle avait dû en poser des cas de conscience à ses parents et la connaissant, Roxanne pouvait supposer que Mathilde était parfaitement au courant de la chose et en usait voire abusait... Mais même en sachant ça... Kawaiiii.
Chidori s'exprima alors avant de détaler avec son énergie toute naturelle.

"Je vais diru à Muna-ba vous soltiru!"

Et Mathilde de lever les yeux au ciel en ronchonnant devant ce qu'elle appelait l'accent abominable de sa pupille mais c'était aussi convaincant que ses petites colères. A voir son petit sourire attendri, on pouvait se douter qu'elle donnerait son bras pour cette enfant.